habillé décemment, je pénètre dans le sanctuaire antique des grands hommes de l’antiquité : reçu par eux avec bonté et bienveillance, je me repais de cette nourriture qui, seule, est faite pour moi, et pour laquelle je suis né… et, pendant quatre heures, j’échappe à tout ennui, j’oublie tous mes chagrins, je ne crains plus la pauvreté, et la mort ne saurait m’épouvanter[118.1]…. »
Un autre savant italien, le philosophe, poète et astronome Celio Calcagnini (1479-1543), qui, avant Copernic (1473-1543) et presque un demi-siècle avant Galilée (1564-1642), émit l’idée que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil[118.2], légua, par son testament, tous ses livres et instruments de mathématiques à la bibliothèque des dominicains de Ferrare, sa ville natale, et voulut reposer, après sa mort, dans le lieu où il s’était toujours plu à vivre. C’est ce qu’une épitaphe de cette bibliothèque nous apprend : Index tumili Cœlii Calcagnini, qui ibidem sepelire voluit ubi semper vixit. Et, au-dessous du mausolée, on lit une inscription où se trouvent ces belles paroles : Ex diuturno studio hoc dedicit : mortalia contemnere, et ignorantiam suam non ignorare[118.3].
- Machiavel, Lettre à Francesco Vettori, Œuvres littéraires, trad. Périès, p. 456. (Paris, Charpentier, s. d.) ↩
- Cf. son opuscule Quomodo cœlum stet, terra moveatur. « Calcagnini n’aurait-il pas droit, lui aussi, à un peu d’immortalité ? » (La Grande Encyclopédie, art. Calcagnini.) ↩
- « Une longue étude lui a appris à mépriser les choses mortelles, et à ne pas ignorer sa propre ignorance. » Cf. Michaud, Biographie universelle. Voir aussi sur Calcagnini un sonnet de M. F. Fertiault, dans les Légendes du livre, pp. 78 et 196. ↩