au fond, a été le grand, l’unique souci de ma vie : tremper et former mon âme, la mettre au niveau des choses et au-dessus des événements ; saisir le côté par lequel, chétif atome perdu dans l’immensité, je pouvais faire œuvre utile, concourir à la marche de l’ensemble, jouer ma partie dans le suprême concert, et, dans cette immensité même, ne pas me sentir rouler sans raison et sans conscience comme l’inerte grain de sable[208.1]. »
Et n’est-elle pas émouvante et belle entre toutes, cette apostrophe de Jules Janin (1804-1874) ? « O mes livres ! mes économies et mes amours ! une fête à mon foyer, un repos à l’ombre d’un vieil arbre, mes compagnons de voyage !… et puis, quand tout sera fini pour moi, les témoins de ma vie et de mon labeur[208.2]. »
« L’art — c’est-à-dire l’amour du Beau et du Vrai, l’étude et le culte des Lettres — est ce qui nous console le mieux de vivre, » disait Théophile Gautier (1811-1872)[208.3].
L’art, ce consolateur des misères humaines !
proclame de son côté François Ponsard (1814-1867)[208.4].
- Jules Levallois, l’Année d’un ermite, p. 202. ↩
- Courrier de la librairie, mai 1858. Cf. aussi l’amour des livres, du même écrivain, pp. 35 et 59 : « O mes livres ! mon juste orgueil ! ma fête suprême ! Oraison funèbre qui ne saurait périr ! » Etc. ↩
- Poésies, t. I, préface, p. 7 (Paris, Lemerre, 1890). ↩
- L’Honneur et l’Argent, III, vi. ↩