V. Les tribulations de M. Thiriot

Si M. Pinglebert nous causa de graves ennuis, du moins ces ennuis-là furent-ils compensés par leur courte durée, puisque le séjour de ce terrible personnage dans la maison de Mme Huguet n’excéda pas un an.

De l’autre côté, à droite, nous avions pour voisin immédiat M. de Marson, comme vous le savez ; puis venait M. Thiriot, encore une des plus originales figures, un des meilleurs types de notre Ville-Haute.

Ce n’est pas durant une seule année, c’est pendant quinze ou vingt ans que M. Thiriot déplora son voisinage et maudit tous les Marson, père, mère, filles et fils, fils surtout. En fin de compte, il perdit patience, mit sa maison en vente et se retira à Ligny, d’où il était originaire.

Tel que je me le rappelle, c’était un gros petit bonhomme, lourdaud, ventru, bedonnant, aux jambes minuscules, tout rond, bâti en pot à tabac ; les cheveux et la moustache très noirs, noirs comme du cirage, et taillés en brosse ; les joues d’un rouge vif zébré de veinules violâtres, un teint d’apoplectique.

Malgré cette ventripotence peu favorable aux longues marches, il était grand chasseur et tendeur acharné, à l’exemple de la plupart des rentiers de Popey de ce temps-là, et ne sortait jamais que flanqué d’une couple de chiens, braques ou bassets, et que vêtu, en fervent de saint Hubert, d’un complet de velours à côtes de couleur gris-cendre, coiffé d’une casquette hémisphérique en cuir bouilli, et guêtré jusqu’aux genoux.

Comme il y avait à Popey trois personnes notables appelées Thiriot — sans compter le banquier Thiriot-Colomb, dit par assonance Christophe Colomb, — on les distinguait par des épithètes qui étaient devenues parties intégrantes de leur nom : Thiriot l’Avare, Thiriot le Riche. Thiriot la Bête. C’était ce dernier qui habitait dans notre rue.

Le plus singulier, c’est que ces trois Thiriot étaient tous les trois, uniformément et indistinctement, bêtes, riches et avares ; en sorte que le sobriquet donné à l’un aurait aussi bien pu s’appliquer aux deux autres.

Mais ce n’est que de notre voisin, du voisin des Marson, de M. Thiriot la Bête, que je veux vous entretenir. Le sujet est fertile du reste et les anecdotes y abondent.

Si habile chasseur et si expert qu’il fût en toute matière cynégétique, M. Thiriot n’avait jamais tué de faisans, et cela par la meilleure des raisons : il n’y en avait pas dans la contrée. Comme le chemin de fer ne passait pas encore à Popey, que les transports s’y effectuaient peu rapidement, on n’y connaissait ce gibier que de réputation.

Or, un soir de septembre qu’il revenait de sa tendue[1], située à l’opposé de Saint-Roch, dans les bois de Véel, M. Thiriot la Bête rencontra le père Antoine, l’incorrigible braconnier, le fameux éleveur et marchand d’oiseaux, et ils firent route ensemble.

« Combien de douzaines aujourd’hui, m’sieu Thiriot ?

— Deux seulement, et rien que des rouges-gorges et des mésanges. Ce sont les passages qui commencent.

— Signe que l’hiver approche, m’sieu Thiriot ! Et pas de gros ?

— Une grive, voilà tout.

— Diantre ! Pas lourd ! conclut Antoine.

— Cela me vexe d’autant plus, poursuivit M. Thiriot, que j’ai un cadeau à faire : je voudrais envoyer une bourriche, quelque jolie pièce, à un mien cousin qui habite Paris, un cousin vieux garçon et que… je soigne ! Vous comprenez, Antoine ?

— Oui, m’sieu Thiriot.

— Il faudra que j’aie recours à mon fusil, que je voie à abattre un lièvre ou deux.

— Ils deviennent rares, les lièvres, par chez nous, de plus en plus rares ! observa le vieux braconnier d’un air navré et en hochant désespérément la tête.

— Hélas ! je ne le sais que trop ! repartit M. Thiriot sur le même ton désolé.

— Pourquoi ne lui enverreriez-vous pas une belle paire de faisans, à ce cousin ?

— Des faisans ?

— Oui.

— Mais… je n’en ai pas !

— J’en ai, moi, répliqua Antoine ; j’ai votre affaire ! Deux superbes bêtes ! Voulez-vous les voir avant de rentrer chez vous, m’sieu Thiriot ?

— Volontiers. Mais où avez-vous donc capturé cela, Antoine ? Pas par ici, bien sûr !

— Oh non ! certainement, m’sieu Thiriot ! Certainement ! J’étais hier dans l’Argonne, à Beaulieu. C’est là que j’en ai tué trois….

— A coups de fusil ?

— Oui. J’en ai vendu un en route,… vendu moyennant sept francs. Si les deux autres vous conviennent….

— Il paraît que c’est une chair des plus fines.

— Exquise, m’sieu Thiriot ! On ne saurait rien manger de meilleur. On les laisse attendre quelques jours, faisander, comme on dit…. C’est un régal de roi ! »

Tout en devisant de la sorte, on était arrivé devant les premières maisons de la ville, à la Croix-du-Jard[2], près de laquelle Antoine demeurait.

M. Thiriot, comme il était convenu, pénétra chez le braconnier.

Deux oiseaux, au bec épais et crochu, au plumage jaunâtre et gris moucheté, aux fortes serres, étaient pendus par les pattes au-dessus de la fenêtre.

Antoine les décrocha et les présenta au visiteur.

« Mais ce sont des buses ! s’écria celui-ci aussitôt.

— Cela y ressemble, effectivement !

— Mais c’en est ! Cela fait mieux que d’y ressembler ! C’est tout ce qu’il y a de plus buses ! Il n’y a pas de doute !

— Pardon, pardon, m’sieu Thiriot ! Regardez-moi cela ! Voyez-vous ce plumage jaune-brun, pointillé de noir, là, sur la tête et sur le dos ? Eh bien, est-ce que la buse a cette couleur-là ? Jamais de la vie, m’sieu Thiriot ! La buse est d’un jaune bien plus clair.

— Cependant j’en ai assez vu !

— Vous avez vu sans regarder, m’sieu Thiriot, sans faire grande attention, permettez-moi de vous le dire. Si j’avais là une buse, je vous la montrerais, vous pourriez comparer et vous convaincre ; mais je n’en ai pas en ce moment.

— Je croyais que le faisan n’avait pas ce bec…, ce bec crochu. Ce n’est pas un oiseau de proie, le faisan !

— Ces deux-là, c’est de la grosse espèce, m’sieu Thiriot ; voilà pourquoi ils sont si bien armés….

— Armés comme des buses ! Mais, en effet, oui…. la buse est d’une teinte moins foncée….

— Oh ! bien moins !

— Et puis elle a le bec encore plus fort.

— De beaucoup !

— Et combien allez-vous me vendre ces deux bêtes-là, Antoine ?

— Cent sous chacune.

— A ce prix-là, vous pouvez les garder, mon ami !

— M’sieu Thiriot ! Pour être allé jusqu’à Beaulieu ! A plus de quarante kilomètres !… Voyons, réfléchissez ! Faut être consciencieux !

— Mais… j’ai la prétention de l’être, repartit M. Thiriot avec morgue, d’un air pincé, et en se dirigeant vers la porte.

— Eh bien, alors vous devez me rendre justice ! Vous devez convenir que je ne vous écorche pas ! Je ne vous les fais que cent sous, ces faisans, cent sous chacun, lorsque j’en ai vendu un, comme j’avais l’honneur de vous le dire il y a un instant….

— Oui, sept francs. Mais, moi, on ne me roule pas, mon gaillard !

— Je le sais, m’sieu Thiriot, je le sais, et je vous prie de croire que je n’y songe nullement. En vous demandant dix francs de cette paire de faisans, des oiseaux rares enfin ! rares chez nous ! je crois être très raisonnable.

— Non, Antoine, objecta M. Thiriot. qui n’aimait pas à gaspiller son cher argent. Je vous en offre huit francs, pas un fifrelin de plus !

— Mettons neuf, m’sieu Thiriot. Coupons la poire en deux !

— Je ne coupe rien. Huit, Antoine ! C’est tout ce que je puis faire, tout ce que cela vaut ! »

Le père Antoine dut se résigner.

Vous voyez la stupeur du cousin de Paris, du cousin à héritage, lorsque, croyant recevoir une couple de faisans, il trouva dans la bourriche deux vieilles buses très avancées déjà, en triste état, et qui n’étaient même plus bonnes à faire empailler.

Il crut que son parent de Popey-sur-Ornain se moquait de lui, et, séance tenante, dans le premier feu de sa colère, lui adressa ce qu’on appelle une « lettre à cheval ».

M. Thiriot de courir aussitôt chez Antoine pour lui donner lecture de l’épître et lui demander des explications.

« Vous vous êtes gaussé de moi ! Vous êtes un misérable ! Me vendre des buses pour des faisans ! Je me doutais bien….

— Pas du tout, m’sieu Thiriot, pas du tout ! se récria l’autre avec l’indignation de l’innocence outragée. C’est votre cousin de Paris qui ne s’y connaît pas, qui fait erreur ! La buse — vous l’avez remarqué et spécifié vous-même l’autre jour, — la buse a le plumage plus clair, le bec plus gros.

— Oui, je reconnais….

— Eh bien alors ? Votre cousin de Paris m’a tout l’air d’être un drôle de pistolet.

— A qui le dites-vous, Antoine !

— Un ignorant et un vaniteux. Parce qu’il réside dans la capitale, il s’imagine tout savoir. Ils sont comme ça, les Parisiens !

— C’est cela même, Antoine ! C’est bien cela !

— Un déplaisant personnage, grincheux, hargneux….

— Tout à fait cela !

— Fantasque et lunatique prenant les vessies pour des lanternes !

— Les faisans pour des buses !

— On ne sait comment les contenter, ces oiseaux-là !

— Dieu m’est témoin pourtant que je fais tout ce que je peux !

— Je le sais, m’sieu Thiriot, nous nous connaissons de longue date ! Vous êtes l’obligeance, la complaisance, la gentillesse, la générosité personnifiées.

— O Antoine !

— N’y a pas à nier, c’est comme ça ! C’est mon opinion ! Et je suis prêt, pour la soutenir, à me…, à vous…, à tout ce qu’on voudra ! Mais vous n’allez pas en rester là, m’sieu Thiriot ? Il faut tâcher de raccommoder les choses, de vous rapatrier avec votre cousin.

— Je ne demande pas mieux ! J’ai tout intérêt….

— Si vous lui expédiiez un lièvre, un beau lièvre ?

— C’est une idée ! Mais cela va encore me coûter….

— Pas cher ! J’ai justement ce qu’il vous faut…. Tenez !.. Tué de ce matin ! »

Le marchandage qui avait eu lieu lors de l’emplette des faisans recommença à propos du lièvre : M. Thiriot n’était pas homme à jamais acheter quoi que ce fût du premier coup et sans barguigner.

« Eh bien, soit ! finit-il par dire. Va pour six francs ! Mais les frais d’envoi seront à votre compte ? Vous vous en chargez ?

— Entendu, m’sieu Thiriot ! Entendu et conclu ! »

Que pensa le cousin de Paris lorsque, deux jours après — il fallait en ce temps-là trente-six heures pour effectuer le trajet de Popey à Paris, — il vit arriver une nouvelle bourriche contenant, celle-là, une peau de lièvre bourrée de foin et farcie de cailloux ?

« Ah çà, le cousin Thiriot n’aura pas bientôt fini de se jouer de moi, de me prendre pour cible de ses stupides plaisanteries ? Je ne sais ce qui lui passe par la cervelle ; mais, en tout cas, il est de ma dignité, il est même prudent de ma part, de rompre avec ce grossier personnage, cet imbécile et ce fou ! »

Et plus jamais M. Thiriot la Bête ne reçut de nouvelles de son cousin de Paris, de ce vieux garçon septuagénaire, dont il avait tant caressé et convoité la succession prochaine.

Nombre de mésaventures, maladresses ou mystifications avaient ainsi popularisé le nom de notre voisin et lui avaient mérité son qualificatif.

Au milieu de ce bois de Véel, où il faisait chaque année sa tendue, se trouvait, comme dans la plupart des bois de la contrée, une humble maisonnette pouvant servir d’abri au propriétaire et de resserre aux outils et aux victuailles. Ces maisonnettes, qui ne sont souvent que de simples baraques en planches, ne peuvent manquer, à cause de leur isolement, de leur abandon durant l’hiver, d’être assidûment visitées par les vagabonds et les malfaiteurs.

Maintes fois M. Thiriot s’était plaint, soit au commissaire de police, M. Poustor, soit au garde Gilquin, des déprédations commises dans sa baraque.

« J’ai beau faire, lui répliquait Gilquin, beau surveiller, je ne peux pas passer toutes mes nuits dans les bois, et c’est la nuit que ces malabres-[3] font leurs coups !

— Eh bien, vous verrez, Gilquin, j’arriverai à les en empêcher, moi ! Oui, j’y arriverai !

— Oh ! mais vous êtes un malin, vous, m’sieu Thiriot, c’est connu !

— Ou j’y perdrai mon nom ! » acheva solennellement M. Thiriot la Bête.

Il faillit le perdre, en effet, et le troquer contre celui de Gribouille, qui, comme vous savez, se jetait à l’eau pour ne pas se mouiller.

Afin d’empêcher les maraudeurs de s’introduire dans sa sylvestre bicoque, M. Thiriot ne trouva rien de mieux… que de la démolir.

Plus d’effractions ni de pillages comme ça, plus rien à redouter !

Une autre fois, ayant fait tailler des peupliers qui bordaient un de ses prés, au bas de la côte de Bussy, il donna l’ordre aux ouvriers de ranger près de la berge du canal les fagots ainsi obtenus.

« Comme je dois les expédier par bateau, on n’aura qu’à les prendre, ils seront tout portés…. »

Lorsqu’on voulut les prendre, ces fagots qui étaient au nombre de deux cents, pour les charger sur le bateau, on n’en trouva plus trace : ils avaient disparu comme par enchantement.

« Mais enfin, deux cents fagots, ça ne se fourre pas dans la poche ainsi qu’un étui à cigarettes, ça ne s’envole pas comme une plume au vent ! » allait clamant partout l’infortuné propriétaire.

Ce qu’il y a de mieux, c’est qu’au cours de ses investigations et de son enquête, M. Thiriot découvrit qu’un procès-verbal avait été dressé contre lui par le conducteur des ponts et chaussées chargé du service du canal, et allait lui être signifié, « pour avoir illicitement encombré le chemin de halage et entravé la fréquentation du bief de la Deuil ».

« Si encore ils étaient restés sur ce chemin de halage, si je les retrouvais où je les ai fait mettre, ces fagots, je comprendrais votre procès-verbal ! Mais puisqu’ils n’y sont plus, puisque je ne les possède plus, puisqu’on me les a volés ! » protestait et geignait le délinquant.

La chronique ajoute — mais je crains bien qu’elle ne commette ici le délit d’exagération et de mensonge — que, s’étant engagé à livrer ces deux cents fagots à un maître verrier de la contrée, M. Thiriot dut les remplacer et s’adresser pour cela à un marchand de bois de Bussy-la-Côte, qui lui vendit — comme il y a de méchantes langues ! — précisément les deux cents fagots qui provenaient des susdits peupliers et avaient illicitement et momentanément encombré les abords du canal.

Je vous conterai plus tard comment un autre curieux personnage de Popey, M. l’inspecteur des forêts Cherbinet, insinua à M. Thiriot d’acheter, comme si elle eût produit le chasselas le plus exquis, une vigne de plant très inférieure, de mauvais vert-plant[4].

Mais, avant d’arriver aux démêlés du pauvre M. Thiriot avec nos voisins Marson, je ne dois pas oublier l’aventure qui, plus que toute autre peut-être, le rendit célèbre à Popey et lui attira les brocards de ses concitoyens — son aventure avec la mère Dupont.

La mère Dupont était une marchande de poissons, volailles et comestibles, tenant boutique rue Rousseau et étal les mardis et vendredis au Marché couvert. De robuste complexion et frimousse rubiconde, elle était, en outre, ainsi que la plupart des dames de sa corporation, d’une force mirifique dans l’art de chanter pouilles au prochain. Brave femme, au demeurant, secourable aux malheureux et le cœur sur la main.

C’était quelques jours après l’inauguration du Marché couvert justement, alors que la mère Dupont, encore toute glorieuse d’avoir été invitée par mossieu le maire, le beau M. Sainsère, à ouvrir le bal avec lui, n’aurait pas voulu de l’empereur pour son cousin. Un matin que M. Thiriot, comme de coutume escorté de ses chiens, deux braques baptisés Pyrame et Théos, traversait la rue Rousseau, il avisa, devant la porte de la marchande, une manne où trois ou quatre homards se détiraient et se traînaient péniblement, gisaient pour mieux dire. Du bout de sa canne, il essaya de les réveiller, de les stimuler : pas moyen !

La mère Dupont, qui se trouvait dans son arrière-boutique, finit par l’apercevoir, et s’avança.

« V’là longtemps qu’on n’a eu le plaisir de vous voir, m’sieu Thiriot ! Ça va toujours ? Allons, tant mieux ! Alors c’est un beau homard que j’vas vous vendre ?

— Non, pas aujourd’hui, madame Dupont.

— Mais si, mais si ! Laissez donc faire…. Tenez, ce gros-là. Je m’en vas vous l’envoyer par mon gamin.

— Non, une autre fois, madame Dupont. Merci bien !

— Je ne vous le vendrai pas cher…. cinq francs dix sous seulement, parce que c’est vous…. Voyons, m’sieu Thiriot, soyez donc…..

— C’est que… ils ne m’ont pas l’air bien…, bien frais…. balbutia M. Thiriot, qui ne savait quel prétexte de refus invoquer et comment s’échapper des lacs et entortillages de l’enjôleuse commère.

— Pas frais ? Mes homards, pas frais ? s’exclama celle-ci avec indignation et en se campant les poings sur les hanches. Vous osez me dire ça, m’sieu Thiriot ! Eh bien, je vous engage à mettre vos lunettes ! Des homards tout vivants, pas frais ! ! !

— S’ils étaient vivants, ils… ils serreraient ma canne. Et voyez, ils ne bougent quasi pas !

— Pardi ! Une canne, un morceau de bois ! Est-ce qu’ils sentent ça ? Ils ne se doutent même pas que vous leur mettez quelque chose entre les pattes. Si vous y glissiez le doigt, vous verriez un peu ! Je n’vous dis que ça ! Tenez, j’vas vous montrer…. Arrive ici, mon gros ! »

Et elle empoigna un des toutous, maître Théos, et lui inséra délicatement la queue dans l’une des énormes pinces du crustacé.

Théos poussa un cri de douleur et fila sur-le-champ à fond de train, comme une flèche, emportant le homard pendu à ses grègues. Celui-ci, ballotté de droite et de gauche, heurté à tous les pavés du chemin, ne lâchait pas sa victime, qui continuait sa course effrénée et ses glapissements suraigus.

Ce n’est qu’en arrivant au sommet de la côte de l’Horloge que Théos s’arrêta, ou plutôt fut arrêté et en même temps délivré par un des amis de son maître, par le petit père Maupoil, qui l’avait reconnu de loin et l’attendait de pied ferme au passage.

Quant au homard, il était en capilotade.

Quelques semaines plus tard, M. Thiriot venait d’acheter un brochet à la mère Dupont et ne paraissait pas du tout pressé d’en solder le prix, quand la marchande insinua, la mine un peu inquiète :

« Il y a aussi un homard,… le homard de l’autre jour….

— Quel homard ?

— Vous savez bien ? Celui que votre chien a emporté….

— ?…

— Mais oui, voyons ! au bout de sa queue…. Vous vous rappelez bien ?

— En effet, je me rappelle, madame Dupont ; mais je n’en ai pas vu trace, de ce homard, j’ignore ce qu’il est devenu….

— Comment, vous ignorez ? Alors qui qui va me le payer ?

— Pas moi, toujours !

— Pas vous ? Mais c’est votre chien qui…. Vous êtes responsable de votre chien !

— Permettez….

— Oui, vous en êtes responsable !

— D’accord ! Mais il y a des limites à cette responsabilité.

— Des limites ?

— Est-ce moi qui vous ai dit de lui faire pincer la queue, à mon chien ? En outre, la pauvre bête, vous l’avez abîmée…. Demandez un peu au vétérinaire, à M. Godart…. C’est lui qui l’a soignée : il peut vous certifier….

— C’est p’t-être moi maintenant qui vas être obligée de payer ces soins-là, hein ? Il ne manquerait plus que ça !

— Mais, madame Dupont, certainement ! J’allais vous en toucher deux mots, quand vous m’avez interrompu pour me parler de votre homard….

— Vous alliez me réclamer quelque chose ?

— C’est-à-dire que, en sus des honoraires de M. Godard, je pensais vous demander ce brochet, à titre d’indemnité….

— Par exemple ! Comment, c’est sérieux ? Vous alliez me demander…? Ah non ! c’est trop drôle ! »

Et elle partit d’un retentissant éclat de rire, qu’elle interrompit bientôt pour accabler de railleries et d’injures cet étrange client.

« Vous en avez, un aplomb ! Ah ! ce n’est pas Thiriot la Bête qu’on devrait vous nommer : voilà qui est digne de Thiriot l’Avare ! Etc. »

L’affaire faillit aller devant le juge de paix. Finalement Mme Dupont estima plus sage de s’en tenir là : elle fit le sacrifice de sa marchandise, comme le vétérinaire Godart celui de ses honoraires ; mais toute la ville s’amusa bien.

Tant que l’aîné des fils Marson, Armand, n’eut pas dépassé ses huit ou dix ans, le voisinage de cette famille fut supportable, et M. Thiriot ne se plaignit de rien. Mais lorsque, derrière Armand, arriva Frédéric, puis Tony, et qu’ils eurent tous les trois atteint l’âge dit de raison,

… cet âge est sans pitié,

la situation devint critique et l’infortuné M. Thiriot ne sut plus à quel saint se vouer.

Il n’était pas de jour qui n’amenât un nouveau dégât, un redoublement de catastrophes et de sinistres. C’étaient des pierres jetées dans des carreaux, c’étaient des tuiles enlevées sur le chaperon d’un mur mitoyen ; c’étaient des branches d’arbre cassées, des plates-bandes piétinées, des fleurs moissonnées, des fruits dérobés : ça n’en finissait plus !

M. de Marson, souvent en voyage d’ailleurs, laissait à sa femme l’entière gouverne de la maison et des enfants, et Mme de Marson avait pour principe de défendre toujours, partout et quand même, sa tendre progéniture :

Mes petits sont mignons,
Beaux, bien faits, et jolis sur tous leurs compagnons.

Jamais ces anges adorés n’étaient coupables ; jamais le moindre tort avec ces incomparables et impeccables chérubins.

« Ah ! madame ! quel mauvais service vous rendez à vos fils ! lui disait un jour M. Feuilhestre, le proviseur du lycée. Vous les gâtez, vous les perdez ! Vous vous préparez, et vous leur préparez à eux aussi, bien des chagrins, madame ! »

Mais elle ne voulait rien entendre.

A chaque réclamation de M. Thiriot, elle se rebiffait, s’indignait :

« Il faut bien que ces pauvres trésors s’amusent un peu ! Ils auront bien le temps d’être raisonnables et sérieux ! Laissez-les donc être jeunes, monsieur Thiriot ! Vous l’avez bien été ! Rappelez-vous !

— Madame, j’ai beau me rappeler ! Je ne me souviens pas d’avoir jamais dérobé le bien du prochain, d’avoir jamais causé de dommage à qui que ce soit.

— Ne dirait-on pas !… Il s’agirait de malfaiteurs et de voleurs que vous ne vous exprimeriez pas autrement !

— Mais, mon Dieu, madame, c’est que c’est cela ! cela même ! Il me semble que celui qui vole….

— O monsieur ! c’est à hausser les épaules ! »

Elle s’emportait aisément, Mme de Marson, avait la tête près du bonnet, et passait pour n’être pas alors toujours très polie.

« A votre aise, madame ! haussez ! Quant à prétendre que ceux qui prennent ce qui ne leur appartient pas, qui m’ont volé, oui, madame, volé toutes les prunes de mes reines-claudiers, ne sont pas des voleurs, malgré tout mon désir de ne pas vous froisser, je ne le puis ! Il faut bien appliquer aux choses le nom qu’elles portent et aux gens celui qu’ils méritent !

— Mais d’abord êtes-vous sûr que ce sont mes fils qui vous les ont… volées, vos reines-claudes ?

— Si je suis sûr ?

— Croyez-vous donc qu’on ne vole pas aussi chez nous, dans notre verger ? Je ne vais pas vous accuser cependant !

— Comment, vous me soupçonneriez ?

— Dieu m’en garde, monsieur ! Les voleurs, ceux qui mettent chaque année nos vergers en coupe réglée, voulez-vous que je vous les indique ? Ce sont nos voisins d’en-bas, ce sont les va-nu-pieds de Polval.

— Je sais, madame, je ne dis pas non. Mais, dans le cas particulier, pour mes reines-claudes, ce sont vos deux fils aînés. Il n’y a pas à nier ! Je les ai pris sur le fait ; je leur ai parlé, leur ai reproché leur vilaine action….

— Ces chers petits ! Ils en ont cependant chez nous, des prunes, des reines-claudes, et tant qu’ils en veulent, à profusion ! Ils n’ont pas besoin…. Mais voilà ! Fruit dérobé est toujours meilleur !

— Du moment que vous prenez la chose aussi gaiement, il ne vous reste plus qu’à les féliciter, à les récompenser, vos deux aînés !

— Eh monsieur ! voudriez-vous pas les faire conduire en prison, condamner aux galères ? On vous les payera, vos reines-claudes ! Nous ferons évaluer le dommage….

— Mon Dieu, madame ! ce que je voudrais surtout, c’est qu’à l’avenir pareil méfait ne se renouvelât pas, c’est que vous prissiez soin de surveiller ces…, ces jeunes gens, de leur apprendre à mieux respecter la propriété d’autrui. Il me semble que je ne demande rien là d’exorbitant ! »

Ces vœux étaient en effet, des plus légitimes, et cependant ils ne furent pas exaucés. Les choses finirent par se gâter entièrement, la guerre par éclater entre M. Thiriot et la famille Marson.

C’est à propos de tomates que ce mémorable conflit se produisit.

On ne connaissait pas plus à Popey, dans ce temps-là, les tomates que les faisans, et je ne sais qui avait suggéré à M. Thiriot l’idée d’entreprendre ou d’essayer, dans un coin de son verger, la culture de ce légume.

Ce verger, situé au bas de la terrasse, n’était séparé du verger des Marson que par une palissade — une palissade analogue à celle qui séparait notre verger du leur, aussi chétive, branlante et vermoulue : on n’avait qu’à écarter au hasard une latte ou deux pour passer de l’un chez l’autre.

En apercevant ces belles pommes toutes rouges et d’un rouge si vif, Tony de Marson ne put certain jour mater sa gourmandise, sa curiosité plutôt, et il se glissa vers elles, arracha coup sur coup les plus mûres, en bourra ses poches….

« Qu’est-ce que tu fais donc là, petit vaurien ? demanda soudain une voix courroucée, la voix de M. Thiriot. Si je te tirais les oreilles pour t’apprendre…. »

Mais Tony avait déjà déguerpi et regagné ses domaines.

Incontinent M. Thiriot courut carillonner à la porte des parents du « voleur » et se précipita dans le salon.

« Madame ! madame ! vous ne direz pas cette fois encore que ce sont les gens de Polval ! C’est votre fils, votre plus jeune fils, qui a pénétré chez moi par effraction et escalade, a ravagé mon carreau de tomates. Je l’ai pris en flagrant délit, comme il emplissait ses poches…. Faites-le venir,… comparaître devant vous…. Vous constaterez vous-même !… »

Il était tout essoufflé, le malheureux M. Thiriot, avait peine à articuler ses paroles, tant la colère le suffoquait, et son visage empourpré rappelait précisément la couleur et l’éclat d’une tomate arrivée à sa pleine maturité.

Au lieu d’envoyer chercher son fils cadet, qui se cachait dans quelque coin du jardin, et de le tancer vertement, Mme de Marson, qui ne pouvait jamais se résoudre à gronder ses enfants, même quand ils le méritaient le plus, se fâcha à son tour, le prit de haut, reprocha à M. Thiriot de ne vouloir rien endurer, d’être le plus détestable voisin de la terre entière.

« Vraiment, monsieur, pour des bagatelles semblables, venir faire un tel esclandre chez moi ! C’est d’un ridicule !… Il faut nous supporter les uns les autres dans la vie, monsieur !

— Mais je ne fais que cela, madame ! Je ne fais que les supporter, vos enfants, essuyer toutes les misères dont ils ne cessent de m’accabler !

— Comme je vous plains, monsieur !

— Madame ! j’en ai assez de toutes ces persécutions- là !

— Il n’y a pas de persécutions, monsieur. Voyons, réfléchissez ! Ce sont de pures gamineries….

— Gamineries ! Appeler des vols des gamineries ! Vos fils ont beau commettre les cent coups, toujours vous les excusez, toujours vous leur donnez raison ! Ce sont de petits saints, de blancs agneaux…. C’est ce qui m’horripile le plus ! Car enfin, madame, si vous ne vous rangiez pas sans cesse de leur avis, si vous n’applaudissiez pas à toutes leurs méchancetés, leurs déprédations, ils se montreraient moins effrontés, moins pervers, moins….

— Mes fils ? Pervers ? Effrontés ? Eux ?

— Mais il me semble….

— C’est vous, monsieur, qui êtes un égoïste, un avare, un envieux, un être insociable ! Ah ! je comprends que vous soyez la risée de toute la ville !

— Madame ! ! !

« Bref, M. Thiriot partit en claquant les portes, poursuivi par les apostrophes et récriminations de cette mère débonnaire, mais terrible quand on s’attaquait à sa chère géniture, et ce fut fini : la brouille fut irrémédiable ; on ne se parla plus, on ne se salua même plus.

Il n’y avait pas de bonne fête chez les Marson sans feu d’artifice. Armand, Frédéric et plus tard Tony étaient possédés tous les trois de la passion de la pyrotechnie ; ils s’ingéniaient à fabriquer de la poudre, savaient quels ingrédients employer pour colorer la flamme en vert, en violet ou en rouge ; et chaque fois que l’un d’eux rapportait du lycée une bonne place en composition, une exemp­tion[5] de premier ou de second — c’est-à-dire à peu près tous les samedis, car ils étaient des meilleurs élèves, — le lendemain soir immanquablement « il y avait feu d’artifice ».

C’était à l’extrémité du jardin, sur la terrasse, que les charpentes et appareils étaient dressés, les pièces disposées. Au pied de cette terrasse, haute de cinq ou six mètres, s’étendaient le verger, puis une maigre vigne qui se déroulait en déclive jusqu’au fond du vallon, où serpentait l’agreste chemin promu aujourd’hui à la dignité de rue, de rue de Polval. De l’autre côté de ce chemin, quelques masures d’ouvriers, d’humbles et basses bicoques s’apercevaient ou se devinaient, tapies çà et là dans les courtils, et c’était grand plaisir pour tous ces pauvres gens que les flamboyantes expériences, les fulgurantes et crépitantes démonstrations des jeunes Marson.

Dans un angle de la terrasse, l’angle de droite, s’élevait une sorte de pavillon, de belvédère à vitres de couleur, adossé à une construction du même genre, appartenant à la terrasse voisine, celle de M. Thiriot.

Or, un dimanche soir, un dimanche de Pentecôte, le feu d’artifice était terminé depuis une demi-heure, quand un incendie se déclara dans ce dernier édicule. Quelques seaux d’eau, lancés par les artificiers eux-mêmes, eurent raison de ce sinistre ; mais on eut beau offrir à M. Thiriot, outre des excuses solennelles, une indemnité raisonnable, il fit la sourde oreille et courut chez le commissaire de police pour lui exposer les dangers dont la présence des Marson, et spécialement leurs feux d’artifice, le menaçaient, menaçaient tout le quartier, toute la ville !

Ce n’étaient pas de pareils incidents qui pouvaient rendre le calme à nos voisins et rétablir entre eux la concorde.

Les Marson d’ailleurs prenaient la chose allègrement, cavalièrement, ou plutôt ne prêtaient nulle attention aux doléances et jérémiades de M. Thiriot. Celui-ci, tout au contraire, ne décolérait pas, se rongeait les poings, n’en dormait plus. Il fallait l’entendre maugréer et se lamenter !

« Ils me feront mourir, ces gens-là ! périr à petit feu, périr de chagrins et de tourments, périr par le martyre ! »

Le verger de M. Thiriot aboutissait à la vigne de M. de Marson et n’en était séparé que par une méchante barrière — le prolongement de la palissade que Tony franchissait si bien pour aller faire la cueillette des tomates.

Cette barrière, toute déjetée et disloquée du reste, n’avait à son extrémité que trois ou quatre pieds de haut. Elle aboutissait à un mur, percé, juste à ce point de jonction, d’une petite porte, qui permettait à M. Thiriot de sortir de chez lui ou d’y rentrer par « en bas », autrement dit par le chemin de Polval, au lieu de passer par « en haut », par le perron de la façade et la rue du Tribel.

Un jeudi, à l’occasion de la réussite d’Armand à son examen du baccalauréat ès sciences, on était en liesse et frairie chez les Marson. La plupart des camarades du nouveau bachelier, Paul Marchal, Paul Colin, Joseph Pernot, Larombardière, Maucroix, Surlanges, avaient été invités, et, après un joyeux goûter, tous étaient descendus dans le verger, où Armand leur avait, chuchotait-il, réservé une surprise.

« Oui, vous verrez ! vous verrez ! Mais pas un mot ! Que ma mère ne soupçonne rien ! »

Cette surprise consistait en une paire de pistolets d’arçon, qu’Armand avait découverts dans je ne sais quel coin de la maison, peut-être bien dans cette fameuse armoire du grenier, qui était bourrée de vieux livres, de vieilles partitions de musique, de vaisselle, de verrerie, de tant de choses ! Il s’était muni en cachette d’une ample provision de poudre et de balles, et il proposa à ses hôtes de tirer à la cible.

Mais quelle cible choisir au milieu de ce verger ?

On promena les regards tout à l’entour….

« Tiens, mais… la porte là-bas ?

— La porte du père Thiriot ?

— Ah ! c’est au père Thiriot ? C’est juste ! C’est votre voisin. Thiriot la Bête, n’est-ce pas ?

— Oui, lui-même, répondit Frédéric. Mais si nous l’abîmons, sa porte ?

— N’aie donc pas peur ! On ne l’abîmera pas répliqua Armand.

— Mais non ! mais non ! ajoutèrent en chœur Maucroix et Colin.

— Et puis quelle autre cible ?…

— Nous ne pouvons pas viser sur ces petits arbres !

— Évidemment ! Il n’y a que celle-là !

— Et elle est bien placée, juste en face de l’allée….

— Elle présente un panneau superbe !

— On ne peut souhaiter mieux !

— Allons-y ! »

On commença le tir, et, au bout d’une couple d’heures, le « panneau superbe » se trouvait transformé en une vaste écumoire.

L’endroit était d’ailleurs trop éloigné de la maison pour que les parents pussent entendre les détonations et venir mettre le holà.

Ce n’est qu’une huitaine de jours plus tard que M. Thiriot s’aperçut du désastre.

Il remontait la côte de Polval et, pour abréger le chemin, se proposait de rentrer par « en bas », par le verger ; il venait de saisir sa clef, allait l’introduire dans la serrure, lorsqu’il s’arrêta, ébahi, pétrifié.

On voyait clair tout au travers de sa porte : on eût dit d’une de ces larges planches à bouteilles….

Et la serrure était entièrement défoncée, déchiquetée.

Nouvelle plainte au commissaire de police ; nouvelle réclamation de dommages-intérêts.

Quels voisins, Seigneur Dieu ! quels voisins !

Cependant cette porte ainsi criblée de trous et hors d’usage, il fallait la remplacer.

M. Thiriot chargea le menuisier Degrelle de lui en confectionner une autre.

Mais oyez la malechance !

Le lendemain même du jour où Charles Degrelle, aidé du serrurier Simon, avait posé cette porte toute battante neuve, M. Thiriot, en descendant dans son verger pour l’examiner et la contempler derechef, s’aperçut… qu’elle n’y était plus !

On la lui avait descellée et filoutée durant la nuit.

Les coupables n’étaient pas cette fois les fils Marson, et il ne songea pas à les accuser ; c’étaient les habitants de Polval, toute cette séquelle de maraudeurs constamment aux aguets, sans cesse occupés à jeter leur dévolu sur ce qui les entourait.

Tant que la vieille porte avait été en place, ils n’y avaient pas pris garde ; mais la neuve avait aussitôt frappé leur attention et excité leur convoitise.

A la suite de cet impudent larcin, M. Thiriot se déclara vaincu.

Non, plus moyen d’y tenir, d’habiter cette ville de ravageurs et d’incendiaires, de bandits et de bourreaux.

Il chargea son notaire de vendre sa maison et alla s’enterrer à trois lieux de Popey, dans le joli bourg de Ligny, où il possédait une villa isolée, entourée d’un jardin bien clos de murs.

Au moins là, il serait loin des fils Marson et des indigènes de Polval, il n’aurait plus de voisins à redouter !


Albert Cim, Entre camarades. Paris : Librairie Hachette et Cie, 1895 ; 1 vol. (269 p.), in-16 ; illustré de 36 vignettes dessinées par E. de Bergerin.
Texte retranscrit d’après le fac-similé numérique d’Internet Archive, chapitre V (pp. 97-131).


 Notes
  1.  Tendue, subst. fém. Se dit des pièges fixes ou mobiles que l’on tend aux oiseaux pour les prendre.
    Jacques-Joseph Baudrillart, Traité général des eaux et forêts, chasses et pêches, tome I, partie III, p. 650.  ↩
  2.  Croix-du-Jard, lieu-dit. Bar-le-Duc. Aujourd’hui, à l’angle de la rue de la Résistance et de la rue du Jard.
    François Alexis Théodore Bellot-Herment, Historique de la ville de Bar-le-Duc, à l’article Rue du Jard, p. 326.  ↩
  3.  Malâbre, variante de malâbe, subst. masc. Mauvais sujet, terme injurieux. Étym. du latin Mala arbor, mauvais arbre.
    Mémoires de la société philomathique de Verdun, p. 232.

     Malâbre, subst. masc. Un malheureux.
    Guy Marchal, Le patois lorrain, à la lettre « M ».  ↩

  4.  Vert-plant, subst. masc. Plant de vigne qui produit des vins de qualité très commune.
    « Il y a à Bar et dans l’arrondissement différentes espèces de raisins. Le pineau noir ou franc pineau est le meilleur et le plus multiplié ; quelques pineaux blancs ; beaucoup de vert-plant ou gros plant, qui produisent abondamment des vins communs. »
    Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique, tome seizième (vac-zuc) ; Paris : Deterville, 1823 ; p. 327.  ↩
  5.  Exemption, subst. fém. Billet de satisfaction donné à un bon élève qui avait la possibilité de s’en servir pour être exempté d’une punition.
    CNRS et Université de Lorraine, Tlfi, à l’article Exemption ↩

Texte(s) en relation…

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce texte