Le Livre, tome II, p. 052-068

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 052.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 052 [068]. Source : Internet Archive.

III. Diverses façons de lire.
— L’art de parcourir
— Extraits, notes et résumés de lectures
— Annotations manuscrites sur les livres

Nous n’avons pas à nous occuper ici de la lecture à haute voix : cet art, que le médecin romain Celse (Ier siècle av. J.-C.) classait parmi les exercices salutaires à la santé[052.1], et qui est d’une incontestable importance pour notre sujet même, pour la compréhension et le « savourement » des livres, est tout spécial, et les règles qu’il comporte relèvent d’un autre genre d’études[052.2]. Nous nous bornerons à rappeler que les sons de la voix aident puissamment à graver les pensées dans la mémoire, et que « rien ne nous éclaire plus que l’étude à haute voix, sur les défaillances du style,… sur la fausseté des sentiments exprimés[052.3] ». Notons aussi que « la parole est un encou-

[II.068.052]
  1.  Cf. Littré, Médecine et Médecins, p. 139.  ↩
  2.  Sur ces règles et ces principes, on peut notamment consulter les deux agréables petits volumes d’Ernest Legouvé, l’Art de la lecture et la Lecture en action. (Paris, Hetzel, s. d.)  ↩
  3.  Ernest Legouvé, la Lecture en action, p. 126.  ↩

Le Livre, tome II, p. 053-069

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 053.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 053 [069]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 054.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 054 [070]. Source : Internet Archive.

ragement[053.1] », et que, selon la remarque de Doudan, « elle donne aux pensées, outre la précision, l’auto-

[II.069.053]
  1.  Comme preuve de « l’encouragement » donné par la parole, citons l’exemple du poète et philosophe anglais Pope (1688-1744), qui « ne composait jamais rien d’intéressant sans être obligé de déclamer longtemps à haute voix, et de s’agiter en tous sens pour exciter sa verve ». (Xavier de Maistre, Expédition nocturne autour de ma chambre, chap. vii, p. 118 ; Paris, Bernardin Béchet, 1864.) Et Xavier de Maistre ajoute : « J’essayai à l’instant de l’imiter (Pope). Je pris les poésies d’Ossian et je les récitai tout haut, en me promenant à grands pas pour me monter à l’enthousiasme. Je vis, en effet, que cette méthode exaltait insensiblement mon imagination, et me donnait un sentiment secret de capacité poétique, dont j’aurais certainement profité pour composer… », etc. « Relire, chaque matin, même au besoin se réciter à haute voix certaines pages favorites d’auteurs classiques…. Chaque matin, pendant une ou deux demi-heures, il faut commercer avec les modèles, afin de se tenir l’oreille et la main constamment habituées au son pur et au pur tour de la langue française » : tel est le conseil donné « à un journaliste » par J.-J. Weiss (l’Intermédiaire des chercheurs et curieux, 30 septembre 1897, col. 422 et 423). Comme exemple de « mise en train » de certains écrivains, citons encore : le poète du Bartas (1544-1590), qui, « pour faire sa fameuse description du cheval, galopait et gambadait des heures entières dans sa chambre, contrefaisant ainsi son objet » (Sainte-Beuve, Portraits littéraires, t. II. p. 494) ; l’ornithologiste Guéneau de Montbéliard (1720-1785), qui avait « l’habitude singulière de commencer presque toutes ses journées par un madrigal ou par une chanson », habitude qu’il conserva jusqu’à ses derniers instants (Notice sur Guéneau de Montbéliard, Morceaux choisis de Buffonet de Guéneau de Montbéliard, p. 304 ; Paris, Dezobry, 1848). Et n’est-ce pas ce pince-sans-rire de Stendhal (1783-1842) qui recommandait d’avoir soin, chaque matin, avant de prendre la plume et pour se mettre en goût de bon style, de lire quelques articles du Code ? — M. Gustave Mouravit (Napoléon bibliophile, Revue biblio-iconographique, février 1904, p. 69) nous apprend que Napoléon « aimait à lire à haute voix », surtout des tragédies, celles notamment dont il savait de grandes tirades par cœur, Cinna, le Cid, la Mort de César ↩

Le Livre, tome II, p. 054-070

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 054.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 054 [070]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 055.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 055 [071]. Source : Internet Archive.

rité. Ceux qui font un travail pénible, les bûcherons et les boulangers, s’excitent eux-mêmes par la voix[054.1]. »

Quant à « se faire lire », le même maître ès livres et ès lettres ne recommande pas ce mode de lecture, qu’il préfère laisser aux malades et aux aveugles :

« Rien, observe-t-il[054.2], ne ressemble moins à lire que se faire lire ; on dirait un air dont l’accompagnement ne va pas ; chacun a sa manière d’accompagner intérieurement ce qu’il lit. »

Atteint de maux d’yeux, et se trouvant dans la nécessité de recourir à des lecteurs, alors qu’il était en garnison à Reims, en 1739, Vauvenargues (1715-1747) écrit[054.3] : « J’ai pris deux hommes pour me faire la lecture, un le matin, et un autre le soir. Ils défigurent ce qu’ils lisent ; je leur donnai, l’autre jour, les Oraisons funèbres de Bossuet, dont l’éloquence est divine, et ils coupaient, par le milieu, les plus belles périodes ; je faisais du mauvais sang (sic), mais il me fallait prendre patience ; cela vaut encore mieux que rien[054.4]. »

[II.070.054]
  1.  Doudan, ap. Albert Collignon, Notes et réflexions d’un lecteur, p. 16.  ↩
  2.  Doudan, Lettres, t. IV, p. 204.  ↩
  3.  Lettre au marquis de Mirabeau, 29 août 1739 : Vauvenargues, Œuvres posthumes et œuvres inédites, Correspondance, p. 148. (Paris, Furne, 1857.)  ↩
  4.  Cf. une citation, que nous donnons plus loin (p. 147), empruntée à M. Gustave Mouravit (le Livre et la Petite Bibliothèque d’amateur, p. 162), et dont le début concerne le point en question ici, la lecture à haute voix : « Qu’un lecteur malhabile entreprenne de vous lire une belle œuvre : si ses hésitations, ses intonations fausses, la rudesse de son organe, la gaucherie de son interprétation, brisent constamment vos efforts pour être attentif, et émoussent en vous, si l’on peut dire, le sentiment de la lecture, le plaisir que vous vous étiez promis ne deviendra-t-il pas un supplice ? et quel profit rapporterez-vous de ce labeur ? »  ↩

Le Livre, tome II, p. 055-071

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 055.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 055 [071]. Source : Internet Archive.

Sainte-Beuve, grand lettré et fervent liseur, lui aussi, ne dédaignait cependant pas de recourir, pour ses lectures, à ses secrétaires : « J’ai reçu la Cocarde blanche, écrivait-il en juin 1868 à Louis Ulbach[055.1]. Je la lirai ou me la ferai lire selon mon habitude…. Cette manière de lire est un peu lente, mais elle est aussi agréable que sûre. »

Dans maints couvents et collèges, il était — et il est sans doute encore — d’usage de charger un des

[II.071.055]
  1.  Correspondance, t. II, p. 321. Dans l’appendice du tome IV des Nouveaux Lundis, p. 457 (« Mes Secrétaires »), Sainte-Beuve explique les motifs qui l’ont contraint à recourir à d’autres yeux que les siens : « … Dans la modeste condition où je vis, c’était déjà un grand luxe que d’en avoir un (secrétaire), et je n’y ai été amené d’assez bonne heure que par une faiblesse de vue et comme une tendresse d’organes qui se lassait aisément et m’obligeait à user d’autrui. Il y a plus de vingt-cinq ans déjà que, considérant que les soirées sont longues, que la plus grande difficulté pour l’homme qui vit seul est de savoir passer ses soirées, je me suis dit qu’il n’y avait pas de manière plus douce et plus sûre pour cela que l’habitude et la compagnie d’un bon livre. Mais comme mes yeux se refusaient à toute lecture de longue haleine, surtout à ces dernières heures de la journée, j’ai dû songer à me procurer de bons lecteurs, et j’en ai trouvé…. »  ↩

Le Livre, tome II, p. 056-072

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 056.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 056 [072]. Source : Internet Archive.

assistants de faire, durant les repas et à tour de rôle, une lecture à haute voix. Nous avons vu[056.1] que Charlemagne aimait à se faire lire, pendant son dîner, le livre de saint Augustin, la Cité de Dieu, et que saint Louis, au contraire, préférait à la lecture à table ou en sortant de table « une bonne causerie »[056.2]. Voltaire, lui, ne partageait pas cette préférence : « Je me fais lire… les Sermons de Massillon à mes repas[056.3]…. J’aime à me faire lire à table ; les anciens en usaient ainsi, et je suis très ancien, » écrit-il à d’Argental[056.4].

Sur les lectures faites à haute voix et en public, le cardinal Maury (1746-1817)[056.5] donne ces sages conseils : « Tous les juges du bon goût ont observé que, dans les lectures ordinaires de société, il faut, pour en soutenir l’attrait, choisir plutôt des ouvrages intéressants que des livres d’instruction. La vérité satisfait en tout genre l’esprit d’un lecteur isolé. Mais, dès qu’on est réuni, on veut être ému ; et l’on sent le besoin d’un intérêt progressif quand on en-

[II.072.056]
  1.  Supra, t. I, p. 228.  ↩
  2.  Supra, t. I, p. 91.  ↩
  3.  Lettres à d’Argental, 23 mai 1769 : Voltaire, Œuvres complètes, t. VIII, p. 722. (Paris, édit. du journal le Siècle, 1870.)  ↩
  4.  Lettre du 7 juillet 1769 ; t. VIII, p. 729. (Première lettre : deux lettres de Voltaire au comte d’Argental portent cette même date.)  ↩
  5.  Essai sur l’éloquence de la chaire, xxxv, pp. 162-163. (Paris, Didot, 1877.)  ↩

Le Livre, tome II, p. 057-073

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 057.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 057 [073]. Source : Internet Archive.

tend lire, pour concentrer et fixer son attention, qui n’est jamais et ne peut être qu’une préférence spontanée qu’on accorde aux idées d’autrui sur les siennes propres. Des écrits, d’ailleurs excellents, mais froids et surtout abstraits, cessent de plaire, quand ils subissent la redoutable épreuve d’une lecture à haute voix dans un cercle. Un auteur paradoxal, systématique, et même, selon le langage de Montaigne, un peu processif pour la conversation, y réussit mieux que tant de beaux traités inanimés, qui ne lui fournissent aucun aliment. »

Doudan, pour revenir encore à lui, avait pris l’habitude de commencer les romans par la fin : « Je vais droit au dénouement, disait-il, puis je reviens sur mes pas. Je n’aime pas lire ces livres à surprises le dos tourné, comme un condamné qu’on mène sur une charrette à l’échafaud[057.1]. »

Quant aux recueils de maximes et de pensées, il est à la fois plus agréable et plus profitable de les lire, non d’une seule traite, mais par fragments, à petites doses, de même qu’on n’avale pas d’un seul coup toute une boîte de pastilles, mais qu’on les croque et savoure une à une[057.2]. « La seule manière de lire un livre de pensées sans s’ennuyer, écrit à ce

[II.073.057]
  1.  Doudan, Lettres, t. I, xxxiii ↩
  2.  Cette très judicieuse et jolie comparaison est de Jules Levallois (l’Année d’un ermite, p. 35) : « … Ses Pensées (de Joubert) me font l’effet d’exquises pastilles ; j’en croque deux ou trois quand j’ai lu trop de romans modernes ».  ↩

Le Livre, tome II, p. 058-074

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 058.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 058 [074]. Source : Internet Archive.

propos le prince de Ligne (1735-1814)[058.1], c’est de l’ouvrir à tout hasard, et, après avoir trouvé ainsi souvent ce qui intéresse, le fermer au bout d’une ou de deux pages, et de méditer. Si on lit tout de suite, on croit, comme après avoir passé en revue un portefeuille d’estampes, qu’on n’en a vu qu’une. »

Faut-il lire vite ou lentement ? d’affilée et assidûment, ou peu à peu, à petites doses ? Cela dépend évidemment et du lecteur — de ses qualités visuelles[058.2], de sa puissance d’attention, du loisir dont il dispose, etc., — et de ce qu’il lit, du genre et de l’importance ou de l’attrait du livre qu’il tient en main. Un ouvrage de philosophie ne se lit pas comme un roman. Un livre est ennuyeux, il ne nous plaît pas, on se contente de le parcourir ; en le parcourant, « on trouve quelquefois telle page qui vous fait revenir avec plaisir sur les commencements ; mais ne parcourt pas qui veut ; les personnes méthodiques

[II.074.058]
  1.  Ap. Fertiault, les Amoureux du livre, p. 247.  ↩
  2.  Nous parlerons plus tard des rapports de la vue avec les caractères typographiques et avec la lecture. Disons seulement ici que, le meilleur moyen de reposer les yeux étant de regarder au loin, il est bon, lorsqu’on se sent la vue fatiguée, d’interrompre peu ou prou sa lecture et les promener les regards au dehors, dans la rue, la campagne ou le ciel.  ↩

Le Livre, tome II, p. 059-075

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 059.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 059 [075]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 060.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 060 [076]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 061.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 061 [077]. Source : Internet Archive.

ont de la peine à s’y faire. Il est vrai qu’on peut apprendre à parcourir métho­diquement[059.1] ».

Pour tous ceux qui vivent dans les livres, dans les imprimés et les manuscrits, et y opèrent de fréquentes recherches, « l’art de parcourir » est indispensable.

Le savant bibliothécaire florentin Magliabecchi (1633-1714) « avait une manière particulière de lire ou plutôt de dévorer les livres ; quand un ouvrage nouveau lui tombait sous la main, il examinait le titre, puis la dernière page, parcourait les préfaces, dédicaces, tables[059.2], jetait un coup d’œil sur chacune

[II.075.059]
  1.  Doudan, loc. cit., t. III, p. 345. Cf. supra, t. I, p. 193.  ↩
  2.  A propos des préfaces et des tables des matières, et de leur importance au point de vue de la connaissance du contenu des livres, voici quelques considérations, où la fantaisie et le badinage s’entremêlent au sérieux et à la vérité, empruntées à Théophile Gautier (les Jeunes-France, préface, pp. i et suiv. ; Paris, Charpentier, 1880) : — « Je ne sais si vous avez la fatuité de ne pas lire les préfaces, mais j’aime à supposer le contraire, pour l’honneur de votre esprit et de votre jugement… Moi, pour mon compte, et je prétends vous convertir à mon système, je ne lis que les préfaces et les tables, les dictionnaires et les catalogues. C’est une précieuse économie de temps et de fatigue : tout est là, les mots et les idées. La préface, c’est le germe ; la table, c’est le fruit : je saute, comme inutiles, tous les feuillets intermédiaires. Qu’y verrais-je ? des phrases et des formes ; que m’importe !… Il en est des livres comme des femmes : les uns ont des préfaces, les autres n’en ont pas ; les unes se rendent tout de suite, les autres font une longue résistance ; mais tout finit toujours de même… par la fin. Cela est triste et banal ; cependant que diriez-vous d’une femme qui irait se jeter tout d’abord à votre tête ?… La préface, c’est la pudeur du livre, c’est sa rougeur, ce sont les demi-aveux, les soupirs étouffés, les coquettes agaceries, c’est tout le charme…. O lecteurs du siècle ! ardélions inoccupés qui vivez en courant et prenez à peine le temps de mourir, plaignez-vous donc des préfaces qui contiennent un volume en quelques pages, et qui vous épargnent la peine de parcourir une longue enfilade de chapitres pour arriver à l’idée de l’auteur. La préface de l’auteur, c’est le post-scriptum d’une lettre de femme, sa pensée la plus chère : vous pouvez ne pas lire le reste…. Je vous le proteste ici, afin que vous le sachiez, je hais de tout mon cœur ce qui ressemble, de près ou de loin, à un livre : je ne conçois pas à quoi cela sert. Les gros Plutarque in-folio, témoin celui de Chrysale, ont une utilité évidente : ils servent à mettre en presse, à défaut de rabats, puisqu’on n’en porte plus, les gravures chiffonnées et qui ont pris un mauvais pli ; on peut encore les employer à exhausser les petits enfants qui ne sont pas de taille à manger à table. Quant à nos in-octavo, je veux que le diable m’emporte si l’on peut en tirer parti et si je conçois pourquoi on les fait. Il a pourtant été un temps où je ne pensais pas ainsi. Je vénérais le livre comme un dieu ; je croyais implicitement à tout ce qui était imprimé ; je croyais à tout, aux épitaphes des cimetières, aux éloges des gazettes, à la vertu des femmes. O temps d’innocence et de candeur ! Je m’amusais comme une portière à lire les Mystères d’Udolphe, le Château des Pyrénées, ou tout autre roman d’Anne Radcliffe ; j’avais du plaisir à avoir peur, et je pensais, avec Gray, que le paradis, c’était un roman devant un bon feu*…. Le seul plaisir qu’un livre me procure encore, c’est le frisson du couteau d’ivoire dans ses pages non coupées ; c’est une virginité comme une autre, et cela est toujours agréable à prendre. Le bruit des feuilles tombant l’une sur l’autre invite immanquablement au sommeil, et le sommeil est, après la mort, la meilleure chose de la vie. »
    •  * Théophile Gautier pousse ici la fantaisie jusqu’à dénaturer le mot de Gray (et son nom aussi : il écrit Grey), qui estimait que « rester nonchalamment étendu sur un sofa et lire des romans nouveaux donnait une assez bonne idée des joies du paradis ». (Walter Scott, Notice sur Le Sage, ap. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, tome dernier (sans numéro), Table, p. 28.) Cf. infra, chap. ix, les Romans, p. 192.  ↩

Le Livre, tome II, p. 060-076

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 060.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 060 [076]. Source : Internet Archive.

des divisions principales, et avait alors assez vu pour être en état de rendre compte non seulement de ce

Le Livre, tome II, p. 061-077

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 061.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 061 [077]. Source : Internet Archive.

que le livre contenait, mais encore des sources où l’auteur avait puisé[061.1] ».

« Les vieux routiers de l’art de lire, remarque M. Paul Stapfer (1840-….)[061.2], savent seuls tourner les feuillets d’un livre quelconque avec une frémissante impatience, parcourir du regard le champ entier d’une page, ne point muser ni sommeiller ni se perdre dans le fatras, aller droit à la perle, et, d’un coup d’œil sûr, fondre sur la petite proie brillante qui se cache en un coin. »

On citait, il y a une vingtaine d’années, un de ces « vieux routiers », un ministre[061.3], qui avait le talent, en feuilletant les journaux et en y promenant son regard, de toujours rencontrer tout ce qui pouvait l’intéresser, de ne rien laisser échapper qui le touchât, et de ne pas s’arrêter à autre chose, de ne pas perdre un brin de temps.

S’il est des écrivains qui se formalisent de cette rapide et irrévérencieuse façon de prendre connaissance de leurs œuvres, on en trouve aussi qui se montrent plus raisonnables et comprennent mieux les choses. Agrippa d’Aubigné (1551-1630), par

[II.077.061]
  1.  Michaud, Biographie universelle, art. Magliabecchi.  ↩
  2.  Ap. Fertiault, les Amoureux du livre, p. 292.  ↩
  3.  M. Jules D…… ↩

- page 1 de 4