Le Livre, tome II, p. 037-053
Par Albert Cim le 22 oct. 1905, 10 h 53 - II. Premières lectures - Lien permanent
« Télémaque et la Jérusalem délivrée vinrent un peu troubler ces traces majestueuses. Le tendre Fénelon émut mon cœur, et le Tasse alluma mon imagination. Quelquefois je lisais haut, à la demande de ma mère : ce que je n’aimais pas ; cela me sortait du recueillement qui faisait mes délices, et m’obligeait à ne pas aller si vite ; mais j’aurais plutôt avalé ma langue que de lire ainsi l’épisode de l’île de Calypso, et nombre de passages du Tasse. Ma respiration s’élevait, je sentais un feu subit couvrir mon visage, et ma voix altérée eût trahi mes agitations. J’étais Eucharis pour Télémaque, et Herminie pour Tancrède ; cependant, toute transformée en elles, je ne songeais pas encore à être moi-même quelque chose pour personne ; je ne faisais point de retour sur moi, je ne cherchais rien autour de moi ;