Le Livre, tome II, p. 187-203
Par Albert Cim le 22 oct. 1905, 13 h 23 - IX. Les romans - Lien permanent
romans devint pour les femmes une véritable cause d’abaissement[187.1] ».
Gœthe, « le plus grand des critiques[187.2] », ne voyait pas les choses sous un jour aussi sombre, et voici, d’après son fidèle auditeur et disciple Eckermann, l’opinion qu’il professait à ce sujet : « … La conversation en vint alors aux romans et aux pièces de théâtre en général, et à leur influence morale ou immorale sur le public. « Ce serait malheureux, dit Gœthe, si un livre avait un effet plus immoral que la vie elle-même, qui, tous les jours, étale avec tant d’abondance les scènes les plus scandaleuses, sinon devant nos yeux, du moins à nos oreilles. Même pour les enfants, on ne doit pas être si inquiet des effets d’un livre ou d’une pièce. La vie journalière, je le répète, en apprend plus que le livre le plus influent. — Cependant, remarquai-je, devant les enfants on prend garde de ne rien dire de mal. — On a parfaitement raison, répondit Gœthe, et moi-même je ne fais pas autrement, mais je considère cette précaution comme tout à fait inutile. Les enfants sont comme les chiens, ils ont un odorat si fin, si subtil, qu’ils découvrent et éventent tout, et le mal avant tout le reste[187.3]. »
- Ernest Renan, Réponse au discours de réception à l’Académie française de M. Jules Claretie : Feuilles détachées, p. 231. ↩
- Cf. supra, t. I, p. 189. ↩
- Gœthe, Conversations recueillies par Eckermann, trad. Délerot, t. II, p. 222. ↩