Le Livre, tome III, p. 110-124
Par Albert Cim le 22 oct. 1906, 02 h 04 - II. Le Format - Lien permanent
plus appréciés du public semblent avoir été toujours en décroissant.
L’in-folio et l’in-4 étaient, sauf exceptions, les formats des premiers livres, des incunables[110.1], et, malgré les admirables petits in-8 d’Alde Manuce et de Sébastien Gryphe, les savants du xvie siècle tenaient en mépris tous les volumes qui n’avaient pas les plus grandes dimensions[110.2]. On jugeait alors en quelque sorte de la valeur d’un ouvrage d’après son ampleur et sa taille.
Scaliger, au dire du passionné érudit Adrien Baillet (1649-1706), « raille Drusius pour la petitesse de ses livres ; et J. Morel, l’un des plus grands imprimeurs de son temps, se plaignait au savant Puteanus, rival de Juste Lipse, que ses livres étaient trop petits pour la vente, et que les chalands n’en voulaient pas[110.3] ».
- « Au début de l’imprimerie, les formats employés étaient généralement l’in-folio et l’in-quarto, et certains auteurs ont supposé qu’aucun livre, avant 1480, n’avait été imprimé sous un format plus petit. » (Trad. de l’Encyclopædia britannica, t. III, p. 652, col. 1.) Néanmoins Gabriel Peignot, dans son Dictionnaire raisonné de bibliologie, art. Format, mentionne des éditions des plus petits formats antérieures à 1480 ; mais on peut considérer ces « petits livres » comme des exceptions. ↩
- Cf. Ludovic Lalanne, Curiosités bibliographiques, p. 293. Nous avons vu de même (t. II, p. 257) le bibliomane Antoine-Marie-Henri Boulard, à ses débuts surtout, collectionner de préférence des in-4 et des in-folio, « les beaux formats », et dédaigner les in-8, in-12, etc. ↩
- Id., op. cit., p. 293. Ludovic Lalanne donne bien, en cet endroit, « J. Morel » ; mais, comme l’imprimeur Jean Morel (mort à vingt et un ans : 1538-1559), que l’initiale J. semble désigner, n’a pas été, tant s’en faut, « l’un des plus grands imprimeurs de son temps » (il était bien inférieur en réputation à son frère Guillaume Morel), nous pensons qu’il faut lire Jean Moret (et non Morel), imprimeur et savant du xvie siècle, qui habitait Anvers, avait épousé la seconde fille de Plantin, à qui il succéda, et qui était l’ami de Juste Lipse : cf. Gabriel Peignot, Dictionnaire raisonné de bibliologie, art. Moret (Jean). ↩