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Le Livre, tome III, p. 068-082

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 68.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 68 [082]. Source : Internet Archive.

carton de collage de feuilles blanches laminées avec soin[068.1].

Tous les papiers (les papiers de fabrication moderne), selon une juste remarque du Mémorial de la librairie fran­çaise[068.2], « sont plus ou moins sujets à changer de couleur ; cette altération ne consiste, pour la plupart, qu’en un brunissement qui affecte d’abord les extrémités du papier et gagne peu à peu l’intérieur ; parfois aussi elle est uniforme. Dans ce dernier cas, le papier lui-même est altéré ; tandis que, dans le premier, il n’y a qu’intervention d’agents extérieurs, tels qu’une atmosphère ambiante chargée de produits, en combustion, de gaz d’éclairage. Les acides et oxydants produisent l’altération par action directe sur les fibres du papier, ou, si ce dernier contient de l’amidon, la combinaison de ces acides avec cet hydrate de carbone amène une rapide détérioration de couleur. En un mot, l’altération de la couleur des papiers ordinaires à la cellulose est relative à la quantité de résine qu’ils contiennent, ou, plus généralement, à la résine et aux procédés de fixation de cette dernière dans le collage. »

[III.082.068]
  1.  Paul Charpentier, op. cit., p. 308. Cf. Louis Figuier, op. cit., pp. 211 et 302.  ↩
  2.  Numéro du 12 juillet 1900, p. 398. Voir aussi le numéro du 29 novembre 1900, p. 633.  ↩

Le Livre, tome III, p. 067-081

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 67.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 67 [081]. Source : Internet Archive.

Le papier végétal, ou papier à calquer, est un papier très fin et transparent, fait de filasse de chanvre ou de lin non blanchie.

On donne le nom de papier porcelaine à un papier recouvert d’une couche de blanc opaque mélangé à de la colle de peau. Ce blanc était autrefois du blanc de céruse : pour éviter les empoisonnements, on se sert aujourd’hui de sulfate de baryte[067.1].

Les papiers bulle sont des papiers teintés, en jaune le plus souvent, et généralement de qualité inférieure.

Quant au carton, il se fabrique soit par la superposition et la compression de plusieurs feuilles de papier, soit par la même méthode que le papier ordinaire, mais avec une pâte moins épurée, composée de déchets plus grossiers. La première sorte est dite carton de collage, la seconde carton de moulage[067.2].

Le carton anglais, connu sous le nom de bristol ou bristol anglais, « n’est, quelle que soit son épaisseur, qu’une feuille de papier faite à la cuve avec les plus belles espèces de chiffons, auxquelles on ajoute une proportion assez considérable de kaolin[067.3] ».

Le bristol français, dit aussi carton de Bristol, est, au contraire, obtenu par superposition : c’est un

[III.081.067]
  1.  Émile Leclerc, op. cit., p. 551.  ↩
  2.  Paul Charpentier, op. cit., p. 307.  ↩
  3.  Id., ibid.  ↩

Le Livre, tome III, p. 058-072

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 58.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 58 [072]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 59.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 59 [073]. Source : Internet Archive.

kodzou (Broussonetia papyrifera), fibres grosses, longues et solides ; le gampi (Wickstræmia canescens), aux filaments très délicats : le papier fourni par ce dernier arbuste est particulièrement fin, souple et lisse[058.1].

Le japon absorbe l’encre très facilement et fait on ne peut mieux ressortir les tons des dessins. Il est d’un maniement qui exige des précautions ; c’est un papier qui redoute les frottements, qui ne peut supporter aucun grattage ni nettoyage sans s’effilocher, aucun lavage ; un papier réputé « fragile », ce qui ne l’empêche pas d’être très consistant et très résistant, très solide, souvent même presque indéchirable[058.2].

[III.072.058]
  1.  Sur la fabrication du papier du Japon, voir Charles Laboulaye, op. cit., art. Papier ; — le Magasin pittoresque, avril 1877, pp. 114 et 122 ; — la Nature, 5 octobre 1889, p. 291 ; — Paul Charpentier, op. cit., p. 249 ; — Albert Maire, op. cit., p. 373 ; — Félix Régamey, le Japon pratique, pp. 157 et s. ; — etc.  ↩
  2.  Nous verrons, en traitant de l’usage et de l’entretien des livres, qu’il faut se servir d’un couteau métallique ou d’un canif pour couper les feuillets d’un volume tiré sur japon : un coupe-papier de bois ou d’ivoire ne mordrait pas aisément, peut-être même pas du tout, et risquerait de se rompre. Cette qualité du papier du Japon, cette extrême solidité, a été mise à profit par les éditeurs de la « Nouvelle Carte de France au 100 000e, dressée par le service vicinal, sous la direction de M. E. Anthoine, ingénieur, par ordre du ministre de l’intérieur ». Ils ont eu l’excellente idée de faire tirer sur japon, ou, plus exactement, sur simili-japon (fabriqué en France, dans le Dauphiné, spécialement pour cette publication), les 587 feuilles de cette carte, ce qui dispense de les faire coller sur toile, d’où une économie d’argent et une facilité de lecture plus grande, les cartes collées sur toile et rendues portatives par le pliage étant nécessairement sectionnées en petits rectangles et présentant ainsi de nombreuses solutions de continuité. Ces cartes sur simili-japon peuvent se plier, se déplier, se manier sans aucune crainte. Il serait très désirable que cette excellente mesure se généralisât, que toute carte ou plan, destiné à être emporté et mis en poche, fût tiré sur papier du Japon ou sur simili-japon.  ↩

Le Livre, tome III, p. 051-065

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 51.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 51 [065]. Source : Internet Archive.

On voit quelle ample progression décroissante, due aux perfectionnements de l’outillage et des procédés de fabrication, a parcourue, en moins de quarante ans, le prix des papiers de bois. Et cette baisse n’est pas enrayée, ce prix continue à décroître, toujours, il est vrai, au détriment de la qualité.

Nous donnons, dans le tableau ci-après, la liste des papiers actuellement le plus en usage, ainsi que leurs dimensions métri­ques[051.1] et leurs modes d’emploi : quant à leurs poids, ils présentent, pour chaque sorte, de telles variations, qu’il nous a semblé plus prudent de ne risquer aucun chiffre.

[III.065.051]
  1.  Ces chiffres ne sont pas toujours rigoureusement fixes, et présentent parfois, dans la réalité, des différences en plus ou en moins, comme on peut s’en convaincre en consultant : Paul Charpentier, op. cit., pp. 259-260 ; — Louis Figuier, op. cit., p. 295 ; — E. Desormes, Notions de typographie, p. 499 ; — Émile Leclerc, Nouveau Manuel complet de typographie, p. 286 ; — J.-B. Munier, Nouveau Guide illustré de l’imprimerie…, p. 10 ; — Albert Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, p. 375, où se trouve un « Tableau des dimensions et des poids des papiers de France établis, avant le système décimal, en pouces et en lignes » ; — etc. M. Manquest, de la maison Darblay, a bien voulu me fournir aussi d’utiles renseignements sur les dimensions et les modes d’emploi des papiers ; je l’en remercie, ainsi que M. Lebreton, chef du service des impressions de la librairie Flammarion, qui, pour tout ce qui touche le papier, le format, l’impression et l’illustration, m’a maintes fois aidé de ses excellents conseils. — Pour exprimer les dimensions des papiers, il est d’usage de mentionner le plus petit nombre le premier : ex. : Raisin = 0,50 × 0,65 (et non 0,65 × 0,50).  ↩

Le Livre, tome III, p. 042-056

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 42.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 42 [056]. Source : Internet Archive.

est aussi moins susceptible de se piquer et de s’altérer dans un air humide.

Le papier non collé a ses partisans : aux yeux de certains, l’impression, plus pénétrante, plus onctueuse, y a meilleur aspect, surtout quand l’ouvrage est accompagné d’illustrations. Pour essayer de contenter tout le monde, les fabricants ont adopté un moyen terme et créé le demi-collé.

Les papiers de couleur se fabriquent en ajoutant, dans la pile raffineuse, au moment de l’encollage, la matière tinctoriale : le jaune s’obtient avec le bichromate de potasse et le sous-acétate de plomb ; les rouges et les roses proviennent de la cochenille (qui produit la belle couleur connue sous le nom de carmin), des bois de Fernambouc, etc.[042.1].

Les papiers se lissent, se glacent et se satinent à l’aide de feuilles de carton ou de feuilles métalliques (acier, zinc ou cuivre) et de presses et de cylindres appelés, selon leur forme, laminoirs ou calan­dres[042.2]. Bien que les mots glaçage et satinage s’emploient souvent l’un pour l’autre, ils ne sont pas, à vrai dire, absolument synonymes. « En fabrique, le satinage consiste à faire passer sous un cylindre, entre des

[III.056.042]
  1.  Louis Figuier, op. cit., p. 242.  ↩
  2.  Paul Charpentier, op. cit., p. 173.  ↩

Le Livre, tome III, p. 040-054

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 40.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 40 [054]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 41.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 41 [055]. Source : Internet Archive.

duisent de si beaux papiers de luxe, n’ont pas cessé d’employer le collage à la gélatine, qui donne au papier un beau lustre et une certaine sonorité[040.1]. »

Le collage végétal, le plus répandu aujourd’hui en tout pays[040.2], s’opère à l’aide d’une sorte de savon résineux, préparé par la fusion de la résine avec du carbonate de soude ; l’addition d’un peu d’alun dans la pile raffi­neuse[040.3] précipite un composé résineux d’alumine, qui agglutine les fibres du papier, reconstitue ainsi l’adhérence primitive et naturelle existant entre les fibres végétales avant leur transformation en pâte, et permet d’écrire sur ce papier avec de l’encre ordinaire[040.4]..

Le papier collé est donc celui qui ne boit pas l’encre ordinaire, et le papier non collé, celui qui boit cette encre : les papiers buvards ou brouil­lards[040.5],

[III.054.040]
  1.  Louis Figuier, op. cit., p. 252.  ↩
  2.  Id., op. cit., p. 240. Il existe aussi « une espèce de collage mixte, dit végéto-animal : c’est un mélange de gélatine, de résine, de fécule et d’alun ». (Id., op. cit., p. 241.)  ↩
  3.  Cf. id., op. cit., p. 239.  ↩
  4.  Cf. G.-A. Renel, la Nature, 18 janvier 1890, p. 102 ; Paul Charpentier, op. cit., p. 112 ; etc.  ↩
  5.  On fait souvent de papier brouillard le synonyme absolu de papier buvard. (Cf. Hatzfeld, Dictionnaire ; Littré, Larousse, op. cit.). On désigne cependant plus particulièrement sous le nom de papier brouillard un papier non collé mais calandré, d’ordinaire plus mince et plus léger que le papier buvard habituel, et d’ordinaire aussi de couleur brune, jaunâtre ou grise, qui s’emploie en pharmacie et thérapeutique (pansements), et sert en outre tout spécialement à confectionner les papillotes. Une sorte de papier buvard et de papier à filtrer a reçu, en raison de sa couleur, le nom de papier gris ↩

Le Livre, tome III, p. 024-038

Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 24.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 24 [038]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 25.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. III, p. 25 [039]. Source : Internet Archive.

moyen de le façonner avec la terre où pourriront nos corps. C’est sur cette ordure qu’on nous imprime, et voilà une fameuse leçon pour l’orgueil de nos constructeurs de monuments ! Ces feuilles, faites avec rien, se décomposent en quelques années, se tachent, s’usent, se déchirent, redeviennent poussière et cendre, et rentrent avec avidité dans le néant dont elles n’auraient jamais dû sortir[024.1]. »

Exposer par le menu les divers procédés employés pour la fabrication du papier dépasserait de beaucoup les limites fixées à notre travail ; nous nous bornerons à résumer les principales de ces opérations, en renvoyant, pour les détails, aux traités et documents spéciaux[024.2].

[III.038.024]
  1.  Paul Stapfer, Des réputations littéraires, Épilogue, Quatre Consolations, t. II, pp. 428-429. (Paris, Fischbacher, 1901.) Cf. aussi Voltaire, la Guerre civile de Genève, poème héroïque, chant IV (Œuvres complètes, t. VI, p. 490 ; Paris, édit. du journal le Siècle, 1869) :
    •  Tout ce fatras fut du chanvre en son temps ;
      Linge il devint par l’art des tisserands,
      Puis en lambeaux des pilons le pressèrent ;
      Il fut papier : cent cerveaux à l’envers
      De visions à l’envi le chargèrent ;
      Puis on le brûle, il vole dans les airs,
      Il est fumée, aussi bien que la gloire.
      De nos travaux, voilà quelle est l’histoire ;
      Tout est fumée, et tout nous fait sentir
      Ce grand néant qui doit nous engloutir.  ↩
  2.  On peut consulter, par exemple, outre les ouvrages de Louis Figuier (1873-1876), Georges Olmer (1882), G. d’Avenel (1900), C.-F. Cross et E.-J. Bevan (1902 : traité des plus récents et des plus complets), déjà mentionnés par nous : Lalande (Joseph-Jérôme Le Français de Lalande, connu surtout comme astronome : 1732-1807), Art de faire le papier (sans lieu ni typographe ni date [1761] ; in-folio, 150 pp., xiv planches) ; — Paul Charpentier, le Papier (tome X de l’Encyclopédie chimique, publiée sous la direction de M. Fremy ; Paris, Dunod, 1890 ; in-8) ; — G.-A. Renel, la Fabrication actuelle du papier : la Nature, 18 janvier et 15 février 1890, pp. 99-103 et 167-170 (deux très bons articles) ; — V. Mortet, le Papier, le Papier au moyen âge : Revue des bibliothèques, 1891, pp. 195-207 ; et 1892, pp. 349-350 ; — Jolivet, Notice sur l’emploi du bois dans la fabrication du papier : Exposition universelle de 1878 (Paris, Imprimerie nationale, 1878 ; in-8, 15 pp.) ; — Philipon, député, Rapport fait au nom de la Commission des douanes chargée d’examiner le projet de loi relatif à l’établissement du tarif général des douanes : Pâtes de cellulose : Journal officiel, Documents parlementaires, 12 mai 1891, pp. 884-895 ; — Eugène Campredon, le Papier, étude monographique sur la papeterie française, et, en particulier, sur la papeterie charentaise (Paris, Dunod, 1901 ; in-8, 83 pp.) ; — Henry Vivarez, les Précurseurs du papier (Lille, Imprimerie Lefebvre-Ducrocq, 1902 ; in-4, 39 pp.) ; — et les articles « Papier » dans les dictionnaires de Charles Laboulaye, (Dictionnaire des arts et manufactures), Larousse, Bouillet (nouvelle édition refondue sous la direction de MM. J. Tannery et Émile Faguet), etc. ; voir aussi passim : le Magasin pittoresque, la Revue des bibliothèques, le Bulletin du bibliophile, la Revue biblio-iconographique, etc., etc. Pour la fabrication du papier à la forme, j’ai eu recours, en outre, tout particulièrement, à la compétence de M. Gruintgens, des Papeteries du Marais : je le prie d’agréer ici mes remerciements.  ↩