Mot-clé - Constantin (Léopold-Auguste-Constantin Hesse)

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Le Livre, tome II, p. 342-358

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 342.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 342 [358]. Source : Internet Archive.

reur, cette colère et cette exaspération que provoquent les emprunteurs de livres parmi les bibliophiles ou les simples travailleurs ! « Un livre prêté est à moitié perdu », nous disait, il y a un instant, M. Octave Uzanne ; on en use sans façon avec les livres d’autrui. « Un volume une fois sorti de l’intérieur d’une bibliothèque, nous dit à son tour le bibliographe Constantin[342.1], est exposé à toutes les chances, sinon de perte, du moins de dégradation et d’avarie de la part des maladroits, des négligents et des malpropres ; il ne rentre ordinairement qu’à la volonté de l’emprunteur, qui le garde pendant des années et souvent même tout à fait, parce que le principe que garder un livre n’est pas un vol est malheureusement adopté par beaucoup de personnes. »

Comme exemple de l’inqualifiable incurie des emprunteurs de livres, on rapporte l’aventure survenue à André Chénier, aventure bien propre à décourager les bibliophiles prêteurs de leurs trésors.

André Chénier, qui avait une prédilection spéciale pour Malherbe, dont il a d’ailleurs commenté les vers, possédait une bonne édition de ce poète, un petit in-8 publié par Barbou en 1776, avec la notice et les notes de Meunier de Querlon. Un jour un visiteur emprunta ce volume à Chénier, qui ne sut pas le défendre, n’osa pas refuser, et le livre ne lui

[II.358.342]
  1.  Bibliothéconomie, p. 68.  ↩

Le Livre, tome II, p. 334-350

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 334.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 334 [350]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 335.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 335 [351]. Source : Internet Archive.

bibliophile et ses sentiments d’obligeance, s’avisa de se créer deux bibliothèques : l’une, pour lui seul, composée d’éditions princeps et d’exemplaires rares ; l’autre, de volumes ordinaires ou de doubles, qu’il prêtait volontiers[334.1].

Au lieu de deux bibliothèques, le richissime bibliomane anglais Richard Heber (1775-1833) conseille d’en avoir trois, composées des mêmes livres : l’une pour la parade et la montre, l’autre pour son usage personnel, la troisième pour les emprunteurs, « pour prêter à ses amis, à ses risques et périls[334.2] ». Mais tout le monde ne possède pas, comme Richard Heber[334.3], l’emplacement suffisant ni la fortune nécessaire pour s’offrir le luxe de trois, voire de deux bibliothèques, renfermant les mêmes ouvrages en éditions différentes et diversement habillés.

Constantin[334.4], dans son petit manuel de Bibliothéco-

[II.350.334]
  1.  Cf. Gustave Brunet, Dictionnaire de bibliologie catholique, col. 517.  ↩
  2.  Octave Uzanne, Du prêt des livres, Miscellanées bibliographiques, t. I, p. 37.  ↩
  3.  Sur Richard Heber, voir supra, chap. xi, p. 250.  ↩
  4.  « Constantin, pseudonyme de Léopold-Auguste-Constantin Hesse, bibliographe français, né à Erfurth (Prusse) en 1779, mort à Paris en 1844. » (Lorenz, Catalogue général de la librairie française, t. I, p. 579.) Parmi les « prêteurs », M. Fertiault (les Amoureux du livre, pp. 352-353) mentionne encore les noms suivants, dont plusieurs ont été déjà cités par nous dans les pages qui précèdent : « Lucullus (109-57 av. J.-C.) ; Pline le Jeune (62-115) ; saint Isidore de Péluse (370-450) ; les de Thou ; Jacques-Auguste (1553-1617), et son fils François-Auguste (1607-1642) ; Antoine Possevin (Possevino, jésuite italien, 1534-1611) ; Étienne Baluze (1630-1718) ; le poète et historien italien Crescimbeni (1663-1728) ; d’Alembert (1717-1783) ; Francis Douce, antiquaire anglais (1757-1834) ; Nicolas de Nicolis (?) ; Gabriau de Riparfonds (?) ; Mathieu Guéroult (?).  ↩