donné d’envoyer celle bibliothèque à Saint-Pétersbourg. Les livres furent jetés sans précaution dans de mauvaises charrettes, et, quand il en tombait, les Cosaques chargés d’accompagner ce précieux convoi s’en servaient pour allumer leurs pipes.
On a dit de Zaluski ce qu’on avait dit de Magliabecchi, qu’il était « une bibliothèque vivante ».
Arrêté en 1767 par ordre du prince Repnin, ambassadeur russe à Varsovie, qui fomentait la discorde dans la nation polonaise, afin de la subjuguer plus aisément, l’évêque Zaluski fut conduit à Zaluga, où il resta prisonnier jusqu’en 1773. « Par bonheur, sa bibliothèque lui était présente, quoiqu’il l’eût laissée à Varsovie, et, pour charmer l’ennui de son cachot, il feuilletait de mémoire les livres qu’il avait ramassés au prix de tant de privations[241.1]. »
A son retour en Pologne, il eut la douleur de trouver cette bibliothèque, l’œuvre de toute sa vie, et dont il avait si libéralement doté son pays, tout en désordre et mise au pillage. Heureusement encore qu’il mourut avant de la voir enlevée par les Russes, comme nous l’avons dit, et transportée à Saint-Pétersbourg.
Lauwers (….-1829), « l’héroïque Lauwers », comme l’appelle M. Gustave Mouravit[241.2], a bien droit aussi à