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Le Livre, tome II, p. 072-088

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 072.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 072 [088]. Source : Internet Archive.

Machiavel (1469-1530), évoquant ce mot de Dante : « Il n’y a point de science, si l’on ne retient ce qu’on a entendu », nous apprend que, dans ses conversations avec les anciens, c’est-à-dire ses lectures des Latins et des Grecs, il note tout ce qui lui paraît « de quelque importance[072.1] ».

Sur le pasteur David Ancillon (1617-1692), et ses façons de lire et de mettre à profit ses lectures, nous trouvons dans Bayle[072.2] les détails suivants : « Ancillon lisait toutes sortes de livres, même les anciens et les nouveaux romans. Il n’y en avait aucun, dont il ne crût qu’on pouvait faire quelque profit ; il disait souvent ces paroles, qu’on attribue à Virgile : Aurum ex stercore Ennii colligo…. Mais il ne s’attachait proprement qu’aux ouvrages importants, qu’aux choses sérieuses. Il mettait une immense différence entre la lecture des livres qu’il ne voyait, comme lui-même le disait, que pour ne rien ignorer, et la lecture de ceux qui étaient utiles à sa profession. Il ne lisait les uns qu’une seule fois, et en courant, perfunctorie, et, comme dit le proverbe latin : sicut canis ad Nilum bibens et fugiens ; mais il lisait les autres avec soin et avec application. Il les lisait plusieurs fois : la première,

[II.088.072]
  1.  Lettre à Francesco Vettori ; Œuvres littéraires, p. 456, (Paris, Charpentier, s. d.)  ↩
  2.  Dictionnaire historique et critique, art. Ancillon. t. II, pp. 72-73. (Paris, Desoer, 1820.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 296-320

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 296.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 296 [320]. Source : Internet Archive.

Le Livre, tome I, p. 118-142

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 118.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 118 [142]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 119.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 119 [143]. Source : Internet Archive.

habillé décemment, je pénètre dans le sanctuaire antique des grands hommes de l’antiquité : reçu par eux avec bonté et bienveillance, je me repais de cette nourriture qui, seule, est faite pour moi, et pour laquelle je suis né… et, pendant quatre heures, j’échappe à tout ennui, j’oublie tous mes chagrins, je ne crains plus la pauvreté, et la mort ne saurait m’épouvanter[118.1]…. »

Un autre savant italien, le philosophe, poète et astronome Celio Calcagnini (1479-1543), qui, avant Copernic (1473-1543) et presque un demi-siècle avant Galilée (1564-1642), émit l’idée que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil[118.2], légua, par son testament, tous ses livres et instruments de mathématiques à la bibliothèque des dominicains de Ferrare, sa ville natale, et voulut reposer, après sa mort, dans le lieu où il s’était toujours plu à vivre. C’est ce qu’une épitaphe de cette bibliothèque nous apprend : Index tumili Cœlii Calcagnini, qui ibidem sepelire voluit ubi semper vixit. Et, au-dessous du mausolée, on lit une inscription où se trouvent ces belles paroles : Ex diuturno studio hoc dedicit : mortalia contemnere, et ignorantiam suam non ignorare[118.3].

[I.142.118]
  1.  Machiavel, Lettre à Francesco Vettori, Œuvres littéraires, trad. Périès, p. 456. (Paris, Charpentier, s. d.)  ↩
  2.  Cf. son opuscule Quomodo cœlum stet, terra moveatur. « Calcagnini n’aurait-il pas droit, lui aussi, à un peu d’immortalité ? » (La Grande Encyclopédie, art. Calcagnini.)  ↩
  3.  « Une longue étude lui a appris à mépriser les choses mortelles, et à ne pas ignorer sa propre ignorance. » Cf. Michaud, Biographie universelle. Voir aussi sur Calcagnini un sonnet de M. F. Fertiault, dans les Légendes du livre, pp. 78 et 196.  ↩

Le Livre, tome I, p. 117-141

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 117.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 117 [141]. Source : Internet Archive.

de la Grèce ; car l’art typographique, comme toutes les choses à leur début, n’avait pas encore pris une grande extension ni poussé de telles racines, qu’il pût satisfaire les désirs ardents et vraiment royaux de ce roi, le plus excellent de tous…. J’y ai vu des auteurs grecs innombrables et des commentaires infinis sur presque tous les poètes, commentaires peu ou point connus des savants…. O cruauté des Turcs ! ô farouche folie des barbares ! ô extermination des belles-lettres !… Ainsi cette bibliothèque vraiment précieuse a péri d’une si misérable façon, que, toutes les fois que le souvenir me revient en mémoire (et il m’y revient souvent), je m’écrie avec Virgile :

…. Quis, talia fando…
Temperet a lacrymis[117.1] ? »

Machiavel (1469-1530) avait coutume, avant d’entreprendre sa lecture quotidienne de quelque chef-d’œuvre d’Athènes ou de Rome, de revêtir ses plus beaux habits, comme pour se rendre plus digne de cette haute fréquentation et, en même temps, faire honneur à cet hôte illustre. « … Le soir venu, je retourne chez moi, et j’entre dans mon cabinet : je me dépouille, sur la porte, de ces habits de paysan, couverts de poussière et de boue ; je me revêts d’habits de cour, ou de mon costume, et,

[I.141.117]
  1.  « Qui, à un tel récit, pourrait retenir ses larmes ? » (Virgile, Énéide, II, vers 6 et 8.) Ap. Lalanne, op. cit., p. 216.  ↩