Mot-clé : « Maistre (Joseph de) »

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Le Livre, tome II, p. 073-089

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 073.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 073 [089]. Source : Internet Archive.

disait-il, ne servait qu’à lui donner une idée générale du sujet, et la seconde lui en faisait remarquer les beautés…. II barrait les livres en les lisant, et mettait à la marge des renvois à d’autres auteurs, qui avaient traité les mêmes matières, ou qui avaient dit des choses qui se rapportaient à celles qu’il lisait…. Il changeait quelquefois de lecture, et ce changement lui tenait lieu de repos. »

La comtesse d’Albany (1752-1824) aimait à se rendre compte, « la plume à la main, de la plupart de ses lectures[073.1] ».

« Il faut faire des notes et des extraits, quand on veut lire avec fruit, » écrit Mirabeau (1749-1791) à Sophie[073.2].

« Le seul moyen de tirer un bon parti de mes lectures serait d’en faire des extraits raisonnés, » note, dans son journal, l’historien Michelet (1798-1874)[073.3].

Et Joseph de Maistre (1754-1821)[073.4] :

« … Vous voyez d’ici ces volumes immenses couchés sur mon bureau. C’est là que, depuis plus de trente ans, j’écris tout ce que mes lectures me présentent de plus frappant. Quelquefois je me borne

[II.089.073]
  1.  Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, t. V, p. 425.  ↩
  2.  Lettres d’amour de Mirabeau, p. 164. (Paris, Garnier, 1874.)  ↩
  3.  Mon Journal, 1820-1823, p. 200. (Paris, Marpon et Flammarion, 1888.)  ↩
  4.  Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. II, p. 141. (Lyon, Pélagaud, 1870.)  ↩

Le Livre, tome II, p. 070-086

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 070.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 070 [086]. Source : Internet Archive.

lire ; il faut extraire et tourner, pour ainsi dire, en sa propre substance, les choses que l’on veut conserver, en se pénétrant de leur essence. » C’est Mme Roland, alors Manon Phlipon, qui donne ce conseil[070.1], et elle avait soin tout d’abord de prêcher d’exemple : elle prenait beaucoup de notes et faisait de longs extraits de ses nombreuses lectures.

Une importante et très juste remarque a été formulée par le chancelier Daguesseau (1668-1751), relativement au profit à tirer de ces annotations et extraits : « La grande utilité, et le fruit solide de ces sortes de travaux, n’est que pour celui qui les fait soi-même, qui se nourrit par là à loisir de toutes les vérités qu’il recueille, et qui les convertit dans sa propre substance[070.2]. »

Ces notes de lectures, les uns les inscrivent sur des cahiers ou des registres ; d’autres, sur des feuilles

[II.086.070]
  1.  Ap. Sainte-Beuve, Portraits de femmes, p. 197.  ↩
  2.  Daguesseau, Instructions sur les études propres à former un magistrat, I, Œuvres choisies, p. 218. (Paris, Didot. 1871 ; in-18.) A propos de cette « pâture spirituelle que nous recevons par la lecture », Joseph de Maistre (les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. II, p. 69 ; Lyon, Pélagaud, 1870) constate que, dans cette opération, « chaque esprit s’approprie ce qui convient plus particulièrement à ce qu’on pourrait appeler son tempérament intellectuel, et laisse échapper le reste. De là vient que nous ne lisons pas du tout les mêmes choses dans les mêmes livres ; ce qui arrive surtout à l’autre sexe comparé au nôtre, car les femmes ne lisent point comme nous. Cf. aussi supra, t. I, pp. 136-138, des citations de Gabriel Naudé, de Sénèque, de Plutarque, etc., relatives à cette même « pâture spirituelle ».  ↩

Le Livre, tome I, p. 197-221

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 197.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 197 [221]. Source : Internet Archive.

« Au catalogue de ses livres, écrivait un jour Jules Janin (1804-1874), on connaît un homme. Il est là dans sa sincérité ; voilà son rêve, et voilà ses amours[197.1]. »

Et Richardson (1689-1761), dans son roman de Clarisse Harlowe[197.2] : « Si vous avez intérêt de connaître une jeune personne, commencez par connaître les livres qu’elle lit ». « Il n’y a rien de si incontestable, ajoute Joseph de Maistre (1754-1821), en citant ce pas­sage[197.3]…. Il est certain qu’en parcourant les livres rassemblés par un homme, on connaît en peu de temps ce qu’il est, ce qu’il sait et ce qu’il aime[197.4]. »

Notre grand historien littéraire Sainte-Beuve (1802-1869), l’auteur de ces admirables Causeries du lundi qu’on a si justement qualifiées d’ « Encyclopédie des Lettres[197.5] », de « trésor inépuisable, que tout

[I.221.197]
  1.  Ap. Uzanne, Nos amis les livres, xi, p. 269.  ↩
  2.  Ap. Peignot, Manuel du bibliophile, t. I, p. 19.  ↩
  3.  Ap. Peignot, op. cit., t. I, pp. 19-20.  ↩
  4.  A cette série d’affirmations, il est bon d’opposer la légitime restriction de M. Jules Claretie (Causeries sur ma bibliothèque, dans les Annales littéraires des bibliophiles contemporains, 1890, p. 5) : « Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. L’axiome peut être vrai pour un particulier qui choisit selon ses goûts, pour un amateur qui se compose une bibliothèque comme on composerait un bouquet…. Mais la vérité n’est plus stricte lorsqu’il s’agit d’un homme de lettres, tenu à tout garder, après avoir tout lu. »  ↩
  5.  Jules Claretie, le Figaro, 18 septembre 1903.  ↩

Le Livre, tome I, p. 182-206

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 182.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 182 [206]. Source : Internet Archive.

« Lorsque mon cœur oppressé me demande du repos, dit Joseph de Maistre (1754-1821)[182.1], la lecture vient à mon secours. Tous mes livres sont là sous ma main ; il m’en faut peu, car je suis depuis longtemps bien convaincu de la parfaite inutilité d’une foule d’ouvrages qui jouissent d’une grande répu­tation[182.2]. »

Un ingénieux et profond moraliste, Joseph Joubert (1754-1824), si apprécié de tous les délicats, si cher à tous les lettrés, a, lui aussi, beaucoup aimé les livres, et les a magnifiquement prônés. « Il n’est rien de plus beau qu’un beau livre », déclarait-il[182.3]. « Ce sont les livres qui nous donnent nos plus grands plaisirs, disait-il encore[182.4], et les hommes qui nous causent nos plus grandes douleurs. » Un de ses biographes, Paul de Raynal, a décrit en ces termes la passion de Joubert pour les livres. Cette passion « n’était pas celle du bibliomane qui, comme l’avare, amoncelle des trésors dont il ne sait point user. Il lisait tout, et la plupart des volumes de sa bibliothèque portent encore les vestiges du

[I.206.182]
  1.  Soirées de Saint-Pétersbourg, t. I, p. 11. (Lyon, Pélagaud, 1870, 10e édit.)  ↩
  2.  Sur cette question, cf. notre tome II, chap. iv, Du choix des livres ; et tome IV, chap. i, De l’achat des livres.  ↩
  3.  Pensées, CCXI, t. II, p. 338. (Paris, Didier, 1862.)  ↩
  4.  Op. cit., CCVIII, t. II, p 337.  ↩