Mot-clé - Mercier (Sébastien)

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Le Livre, tome II, p. 308-324

Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 308.
Albert Cim, Le Livre, t. II, p. 308 [324]. Source : Internet Archive.

« les enveloppes royales qui déshonorent ces matériaux immortels », dût cette opération coûter quatre millions. « Nous n’en sommes pas à quatre millions près, quand il s’agit d’une opération publique, vraiment républicaine, et qui intéresse l’honneur national[308.1]. »

La Convention, grâce en partie à Marie-Joseph Chénier, repoussa cette barbare et stupide proposition.

Mais un autre écrivain du même temps, ce paradoxal et ce fou de Sébastien Mercier (1740-1814)[308.2], — qui déclarait que le cri de la grenouille est des plus agréables à entendre, et que le prétendu chant du rossignol est horripilant ; que c’est le soleil qui tourne autour de la terre ; etc.[308.3], — Mercier n’avait pas attendu l’avènement de la Révolution pour réclamer la suppression des bibliothèques publiques.

« Ce monument du génie et de la sottise,

[II.324.308]
  1.  Ap. Eugène Despois, le Vandalisme révolutionnaire, p. 221. Voir particulièrement, dans cet ouvrage, sur le sujet qui nous occupe, les chapitres xv et xvi, Rapports de Grégoire sur le vandalisme et Bibliothèques ↩
  2.  « Fou furieux », dit le bibliophile Jacob (l’Intermédiaire des chercheurs et curieux, 10 février 1877, col. 75) ; mais qui ne manque pas de talent, et dont les écrits sont d’une originalité parfois pleine d’intérêt.  ↩
  3.  Cf. Larousse, op. cit. « Ce bizarre Mercier…, qui s’intitulait lui-même le premier livrier de France », est un de ces excentriques qualifiés qui frisent le génie et qui le manquent…. Il ne pouvait souffrir un livre relié, et, dès qu’il en tenait un, il lui cassait le dos. (Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, t. X, p. 84.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 218-242

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 218.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 218 [242]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 219.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 219 [243]. Source : Internet Archive.

y a un livre, et un livre à la tête de toutes les grandes civili­sations*[218.1] ».

« Vivez dans la paix sereine des laboratoires et des bibliothèques », se plaisait à répéter Pasteur (1822-1895) à ses élèves ; et l’un d’eux, Émile Duclaux (1840-1904), ajoute, sûr, dit-il, de rester fidèle à la pensée de son illustre maître : « Vous n’y trouverez pas toujours la gloire ; vous n’y trouverez jamais la fortune[218.2] ; mais vous y sentirez cette dou-

[I.242.218]
  1.  Op. cit., pp. 356-357.

     * Bulletin du bibliophile, 17e série, p. 323.


     [N.D.E. : Ap. Mouravit, Le Livre et la Petite Bibliothèque d’amateur…, p. 357, note.]  ↩

  2.  « Vous n’y trouverez pas toujours la gloire ; vous n’y trouverez jamais la fortune. » C’est le mot de Pétrone (..-66 ap. J.-C.) (Satyricon, chap. 83, p. 128 ; Paris, Garnier, 1876), mot éternellement vrai : Amor ingenii neminem unquam divitem fecit. Nous avons vu Tacite exprimer une pensée analogue : « … Les vers ne mènent point à la fortune…. » (Cf. supra, p. 37.) « Les lettres… ne mènent aujourd’hui à rien ceux qui les cultivent.…. » (Bernardin de Saint-Pierre, Études de la nature, XIV, Récapitulation, p. 539. Paris, Didot, 1868.) Sébastien Mercier (1740-1814) écrit, de son côté, dans son Tableau de Paris, « que la littérature, la poésie, les lettres et les sciences, que les créations du cerveau ne pouvaient jamais nourrir un homme. » (Ap. Balzac, Illusions perdues, Ève et David, t. II, p, 169. Paris, Librairie nouvelle, 1864.) Dans la Peau de chagrin (p. 101 ; Paris, Librairie nouvelle, 1857), Balzac a fort logiquement déduit les motifs qui empêchent les vrais savants et les vrais gens de lettres « d’arriver », et font réussir les intrigants et les charlatans : « La faute des hommes supérieurs est de dépenser leurs jeunes années à se rendre dignes de la faveur. Pendant que les pauvres gens thésaurisent et leur force et la science pour porter sans effort le poids d’une puissance qui les fuit, les intrigants, riches de mots et dépourvus d’idées, vont et viennent, surprennent les sots, et se logent dans la confiance des demi-niais ; les uns étudient, les autres marchent ; les uns sont modestes, les autres hardis ; l’homme de génie tait son orgueil ; l’intrigant arbore le sien ; il doit arriver nécessairement. Les hommes du pouvoir ont si fort besoin de croire au mérite tout fait, au talent effronté, qu’il y a chez le vrai savant de l’enfantillage à espérer les récompenses humaines…. Hélas ! l’étude est si maternellement bonne, qu’il y a peut-être crime à lui demander des récompenses autres que les pures et douces joies dont elle nourrit ses enfants. »  ↩