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Le Livre, tome I, p. 218-242

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 218.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 218 [242]. Source : Internet Archive.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 219.
Pour suite de note : Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 219 [243]. Source : Internet Archive.

y a un livre, et un livre à la tête de toutes les grandes civili­sations*[218.1] ».

« Vivez dans la paix sereine des laboratoires et des bibliothèques », se plaisait à répéter Pasteur (1822-1895) à ses élèves ; et l’un d’eux, Émile Duclaux (1840-1904), ajoute, sûr, dit-il, de rester fidèle à la pensée de son illustre maître : « Vous n’y trouverez pas toujours la gloire ; vous n’y trouverez jamais la fortune[218.2] ; mais vous y sentirez cette dou-

[I.242.218]
  1.  Op. cit., pp. 356-357.

     * Bulletin du bibliophile, 17e série, p. 323.


     [N.D.E. : Ap. Mouravit, Le Livre et la Petite Bibliothèque d’amateur…, p. 357, note.]  ↩

  2.  « Vous n’y trouverez pas toujours la gloire ; vous n’y trouverez jamais la fortune. » C’est le mot de Pétrone (..-66 ap. J.-C.) (Satyricon, chap. 83, p. 128 ; Paris, Garnier, 1876), mot éternellement vrai : Amor ingenii neminem unquam divitem fecit. Nous avons vu Tacite exprimer une pensée analogue : « … Les vers ne mènent point à la fortune…. » (Cf. supra, p. 37.) « Les lettres… ne mènent aujourd’hui à rien ceux qui les cultivent.…. » (Bernardin de Saint-Pierre, Études de la nature, XIV, Récapitulation, p. 539. Paris, Didot, 1868.) Sébastien Mercier (1740-1814) écrit, de son côté, dans son Tableau de Paris, « que la littérature, la poésie, les lettres et les sciences, que les créations du cerveau ne pouvaient jamais nourrir un homme. » (Ap. Balzac, Illusions perdues, Ève et David, t. II, p, 169. Paris, Librairie nouvelle, 1864.) Dans la Peau de chagrin (p. 101 ; Paris, Librairie nouvelle, 1857), Balzac a fort logiquement déduit les motifs qui empêchent les vrais savants et les vrais gens de lettres « d’arriver », et font réussir les intrigants et les charlatans : « La faute des hommes supérieurs est de dépenser leurs jeunes années à se rendre dignes de la faveur. Pendant que les pauvres gens thésaurisent et leur force et la science pour porter sans effort le poids d’une puissance qui les fuit, les intrigants, riches de mots et dépourvus d’idées, vont et viennent, surprennent les sots, et se logent dans la confiance des demi-niais ; les uns étudient, les autres marchent ; les uns sont modestes, les autres hardis ; l’homme de génie tait son orgueil ; l’intrigant arbore le sien ; il doit arriver nécessairement. Les hommes du pouvoir ont si fort besoin de croire au mérite tout fait, au talent effronté, qu’il y a chez le vrai savant de l’enfantillage à espérer les récompenses humaines…. Hélas ! l’étude est si maternellement bonne, qu’il y a peut-être crime à lui demander des récompenses autres que les pures et douces joies dont elle nourrit ses enfants. »  ↩

Le Livre, tome I, p. 170-194

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 170.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 170 [194]. Source : Internet Archive.

charment nos loisirs et qui nous procurent de vrais plaisirs[170.1]…. »

« L’amour des Lettres, écrit Duclos (1704-1772), dans ses Considérations sur les mœurs[170.2], rend assez insensible à la cupidité et à l’ambition, console de beaucoup de privations, et souvent empêche de les connaître ou de les sentir. Avec de telles dispositions, les gens d’esprit doivent, tout balancé, être encore meilleurs que les autres hommes. »

« Les Lettres sont un secours du ciel, atteste Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814)[170.3]. Ce sont des rayons de cette sagesse qui gouverne l’univers, que l’homme, inspiré par un art céleste, a appris à fixer sur la terre. Semblables aux rayons du soleil, elles éclairent, elles réjouissent, elles échauffent ; c’est un feu divin…. Les sages qui ont écrit avant nous sont des voyageurs qui nous ont précédés dans les sentiers de l’infortune, qui nous tendent la main, et nous invitent à nous joindre à leur compagnie, lorsque tout nous abandonne. Un bon livre est un bon ami. »

« Je suis auprès de mes consolateurs, de vieux livres, une belle vue et de douces promenades. J’ai soin de mes deux santés. Je tâche de les faire mar-

[I.194.170]
  1.  Lettre du 25 novembre 1770. (Voltaire, op. cit., t. VII, p. 190.)  ↩
  2.  Chap. xi, Sur les gens de lettres, pp. 149-150. (Paris, Hiard, 1831.)  ↩
  3.  Paul et Virginie, pp. 93-94. (Paris, Didot, 1859. In-18.)  ↩

Le Livre, tome I, p. 165-189

Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 165.
Albert Cim, Le Livre, t. I, p. 165 [189]. Source : Internet Archive.

ont lus. Vous abandonnez votre âme à ceux qui sont payés pour lire la Bible[165.1].

« Plusieurs bons bourgeois, plusieurs grosses têtes, qui se croient de bonnes têtes, vous disent avec un air d’importance que les livres ne sont bons à rien. Mais, messieurs les Welches, savez-vous que l’ordonnance civile, le code militaire et l’Évangile sont des livres dont vous dépendez continuel­lement[165.2] ?

« Puissent les Belles-Lettres vous consoler ! Elles sont, en effet, le charme de la vie, quand on les cultive pour elles-mêmes, comme elles le méritent ; mais quand on s’en sert comme d’un organe de la renommée, elles se vengent bien de ce qu’on ne leur a pas offert un culte assez pur[165.3]. »

C’est à Vauvenargues, « homme trop peu connu

[I.189.165]
  1.  Dictionnaire philosophique, art. Livres (t. I, p. 512).  ↩
  2.  L’homme aux quarante écus, chap. x (t. VI, p. 244). Cf. Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814) (Études de la nature, XIV, p. 539 ; Paris, Didot, 1868, in-18) : « Il me semble qu’il se prépare pour nous quelque révolution favorable. Si elle arrive, on en sera redevable aux lettres ; elles ne mènent aujourd’hui à rien ceux qui les cultivent parmi nous ; cependant elles régissent tout. Je ne parle pas de l’influence qu’elles ont par toute la terre, gouvernée par des livres. L’Asie est régie par les maximes de Confucius, les Koran, les Beth, les Védam, etc. » Cf. aussi vicomte de Bonald (1754-1840) (ap. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. IV, p. 431) : « Depuis l’Évangile jusqu’au Contrat social, ce sont les livres qui ont fait les révolutions ».  ↩
  3.  Lettre de décembre 1744. (Voltaire, Œuvres complètes, t. VII, p. 651.)  ↩